Cypermore Point
Datte: 30/04/2020,
Catégories:
fh,
2couples,
Auteur: Achille Napo, Source: Revebebe
La lune brillait sur Cypermore Point. Nous étions allés camper avec un couple d’amis sur cette petite plage en bordure du Golfe du Mexique. Nous avions veillé toute la soirée autour du traditionnel feu de camp en dégustant de la bière glacée, tant pour atténuer les effets de la chaleur moite et poivrée de l’été louisianais que pour alimenter les discussions passionnées auxquelles on se livre volontiers dans la vingtaine, lorsque l’on a toute la vie devant soi et le monde à refaire.
Vers minuit, sous l’effet combiné de la chaleur et des vapeurs de l’alcool, nous étions allés dormir dans notre minuscule petite tente. La lune en éclairait faiblement l’intérieur à travers la moustiquaire du toit ajouré que nous avions laissé ouvert pour profiter pleinement de la douceur de la nuit.
Marie et moi avions réunis nos sacs de couchage, et Suzanne et Paul en avaient fait autant. À cause de la chaleur, nous n’y étions cependant pas entrés, préférant nous dévêtir discrètement pour nous étendre nus sur nos duvets moelleux, Marie et Suzanne au centre, et Paul et moi contre les parois de la tente. Nous avions aussi laissé ouvertes les petites fenêtres latérales dans l’espoir bien illusoire de produire un courant d’air.
La nuit était calme et il n’y avait pas l’ombre d’un souffle de vent. Notre petite bulle baignait dans une tiédeur un peu langoureuse, aussi le sommeil ne fut pas long à venir. Nous nous endormîmes confortablement sur la couche douillette des duvets reposant sur un ...
... fond de sable fin. Pour ma part, ce fut un sommeil sans rêve : ceux de la journée et de la discussion qui s’ensuivit ayant été largement suffisants.
Vers les cinq heures du matin, nous fûmes soudainement réveillés par l’arrivée intempestive d’une nuée de moustiques venus se repaître de l’abondante nourriture que leur offraient nos corps endormis. Le réveil fut brutal, car les intrus étaient affamés et ils nous arrachèrent sans ménagement à la torpeur de la nuit.
Chacun de son côté, Paul et moi commençâmes par fermer le plus rapidement possible les moustiquaires des fenêtres latérales afin d’arrêter l’invasion. Pendant ce temps, Marie et Suzanne s’activaient frénétiquement à écraser les malheureux insectes qui avaient eu l’audace de troubler notre sommeil.
Il fallut quelques bonnes minutes pour en venir à bout, car les intrus étaient nombreux ; même dans l’espace restreint d’un petit dôme d’à peine cinq mètres carrés, il était difficile de les attraper ; nous réussîmes tout de même à nous en débarrasser, et le dernier d’entre eux fut enfin écrasé dans le claquement sonore des paumes de Suzanne. C’est alors que nous prîmes conscience de notre nudité, personne n’ayant pu y porter attention jusque là.
Les reflets rosés du matin pénétraient par la moustiquaire du toit. Ils apportaient avec eux un léger souffle frais et salin en provenance du Golfe qui semblait s’être lui aussi réveillé tout à coup. Nous étions assis tous les quatre, et nous regardions, avec un étrange ...