La philo pour les nuls et les obsédés
Datte: 04/04/2018,
Catégories:
nonero,
Auteur: Brodsky, Source: Revebebe
« N’en parlez pas ! »m’a-t-on dit.
« Pas ici, ou pas comme ça… »
— Tu es buté, Brodsky : tu n’as pas compris qu’ici les gens veulent lire des histoires de cul, des histoires qui font rêver ?
— Mais le seul cul qui me fasse rêver, ô ma Divine, tu sais bien que c’est le tien.
— Non mais, franchement… t’atteler à ce genre de travail qui n’intéressera personne hormis quelques initiés, c’est une gageure, une perte de temps.
— Là, tu me vexes, mon cœur.
— Je t’aime. Je préfère t’avertir, te dire la vérité. Je ne veux pas qu’une fois de plus tu te mettes à faire la gueule parce que tu auras reçu de mauvaises critiques.
— Hé… je suis pas comme ça.
— Ben tiens… Alors dis-moi donc pourquoi tu n’as pas écrit une ligne depuis deux mois.
— La panne. Le manque d’inspiration. L’impression que toutes mes histoires tournent en rond. Et ce n’est pas qu’une impression, d’ailleurs ; regarde les commentaires : ce n’est pas le public qui a tort, c’est moi qui ronronne, qui endors tout le monde. Les lecteurs SAVENT à l’avance ce qu’ils vont trouver dans mes histoires, dès l’intro. Un peu comme dans les derniers disques des anciennes stars des années 80 : c’est propre, lisse, sans surprise… formaté, comme les fromages dans les rayons des supermarchés. Mes dernières histoires ont décliné toute la série des fromages à pâte dure : Édam, Maasdam, Gruyère… C’est pas mauvais, bien sûr, mais finalement le goût est toujours plus ou moins le même.
— C’est quoi, cette comparaison entre tes ...
... textes et les fromages ?
— Une réalité imagée. Crois-moi, il est temps que je revienne au Brodsky profond. Le temps est venu à nouveau de vendre des fromages qui puent !
— Amis de la poésie, bonsoir…
—« La poésie, ça sent des pieds. » disait le roi Léo.
— Non, mais là, tu te rends compte ? Dispenser un cours de philo aux lecteurs de Revebebe, tu es malade, suicidaire…
— Je ne vais pas donner un cours de philo : je vais parler de la vie sexuelle des philosophes.
— Mais qu’est-ce qu’on en a à foutre ?
— C’est rigolo, pour commencer. Et puis l’air de rien, par petites touches, ça permet de mieux comprendre certaines choses. Ça donne un éclairage original sur ce qu’est vraiment la philo.
— Ah ouais… Et c’est quoi, la philo ?
— La pensée d’un homme. Juste la pensée d’un homme, rien de plus. Une vision personnelle de la vie qui propose un chemin aux autres. Un chemin que tu peux prendre mais qui s’arrête forcément quelque part… et que tu dois continuer avec ta propre réflexion si tu veux aller plus loin.
— Tu as conscience que là, tu as déjà perdu les trois-quarts des lecteurs ? Ils se sont assis devant l’écran, une main sur le clavier, une autre dans la culotte pour prolonger leur érection matutinale, et depuis quelques lignes c’est la débandade absolue.
— Eh bien justement, ils ne doivent pas avoir honte. Ils doivent savoir que d’une certaine façon, ils ressemblent à Voltaire.
— Brodsky !
— S’il te plaît, mon amour, laisse-moi leur conter comment Diogène est un branleur, ...