1. Intense pénétration


    Datte: 19/04/2020, Catégories: fh, fagée, Humour Auteur: Domi Dupon, Source: Revebebe

    ... Burnecreuse, Baronne de Saint Vit, Comtesse de La Chaux de Main m’expliqua alors ce qu’elle attendait de moi.
    
    Elle voulait écrire ses mémoires, mais doutait des ses capacités. Il lui fallait quelqu’un qui puisse mettre en forme ce qu’elle raconterait. Tout en l’écoutant, je m’intéressai pour la première fois à son visage. Visage sans maquillage qui n’avait rien de particulier. Traits fins, réguliers. Joues émaciées aux pommettes saillantes, nez légèrement en trompette. Front parcouru de minuscules rides. Bouches aux lèvres fines s’ouvrant pour des sourires dévastateurs. Ce qui rendait son visage si attrayant, c’étaient ses yeux : sombres, mobiles, brillants, brûlants, qui dégageaient une intensité de vie….
    
    Pour me mettre l’eau à la bouche, elle m’exposa ce qu’elle avait en tête : déjà, laisser de côté son enfance, ennuyeuse au possible, débuter sa bio en 1921, l’année de ses 18 ans. Et pourquoi pas entamer son récit par « l’offrande de sa virginité » au Marquis de Braquemart, un ami de son père. Passage obligé, les vicissitudes de la deuxième guerre mondiale, puis ses années dans les colonies et pour finir… pourquoi ne pas évoquer son aventure avec un élève instituteur rentrant de la guerre d’Algérie.
    
    Une biographie trop réaliste, austère ne l’intéressait pas. Elle voulait présenter sa vie comme un roman. Nous devrions sans doute changer certains noms, certains lieux afin de préserver l’anonymat et la sérénité de certaines familles encore influentes à ...
    ... l’époque.
    
    Après que je lui eusse affirmé, fort imprudemment, que ce travail était tout à fait dans mes cordes, que l’histoire de sa vie semblait passionnante, que travailler à ses côtés serait un réel plaisir – en tout cas, je comptais bien lui en donner et en prendre-, Madame de Burnecreuse aborda le problème de mes émoluments.
    
    Et c’était vraiment LE problème.
    
    J’avais déjà compris à l’état de délabrement du hall et de son boudoir que M’dame la Comtesse appartenait à ces nobles dont la seule et ultime richesse était leur titre. Evoquant sa demeure, elle m’avoua avec une franchise ingénue qu’elle en était à la fois la propriétaire, l’unique locataire et tout le personnel.
    
    — Nous ne pourrons malheureusement point rémunérer votre labeur en Louis sonnants et trébuchants, mon jeune ami. Mais nous nous prendrons rendez-vous chez mon notaire qui établira contrat par lequel nous vous associerons aux bénéfices provenant de la vente de mon livre.
    
    Je me retins de lui rire au nez. J’avais perdu ma naïveté dans le désert : d’un, je doutais fort que son bouquin, si elle le publiait un jour, eût une quelconque audience; de deux, je pensais que son histoire de contrat, c’était du bidon. Mais nous n’en étions point là ; en fait, j’en avais rien à faire de son fric. Les premiers versements en nature me laissaient espérer d’autres défraiements bien plus « enrichissants».
    
    — Par contre, je vous offre gîte et couvert durant le temps nécessaire à la rédaction de notre ouvrage.
    
    Le gîte ! Les ...
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