1. Mourillon de Fpathfraddel


    Datte: 14/04/2020, Catégories: conte, délire, Humour merveilleu, contes, Auteur: Freddy Warmbread, Source: Revebebe

    ... bigarrées et vastes tentures, Loreline-Inès de Fpathfraddel, la nièce du bien-aimé baron Ferdinand-Gaston de Fpathfraddel et de sa femme Marianne-Agathe de Fpathfraddel, essayait tant bien que mal d’enseigner au jeune Mourillon les rudiments du piano. Car étant donné le quotient intellectuel de ce dernier, vous vous doutez que cette entreprise n’était pas chose simple, bien au contraire. Depuis au moins vingt-cinq leçons, la pauvre Loreline-Inès devait encore longuement épiloguer sur la manière dont il fallait jouer lela et lesi. Expliquons-nous : quand elle lui disait de jouerla, Mourillon demandait automatiquement :
    
    — Mais où ça ?
    — Eh bien, ici ! lui répondait-elle avec une pointe d’agacement visible.
    
    Mais rien à faire : Mourillon se refusait à admettre qu’unla puisse être ici, ni qu’unsi puisse être là non plus d’ailleurs. Et cette soirée, las dessi ainsi que desla, le jeune garçon était invivable. Non content de ne pas comprendre, il n’arrêtait pas de faire le pitre. Loreline-Inès bouillait intérieurement, mais se retenait d’éclater, car ce comportement ne serait pas digne d’une jeune fille de bonne famille.
    
    La pluie battait avec force sur les grands vitrages de la salle de réception. De temps à autre, un éclair illuminait la pièce avec presque autant de force que le soleil en plein jour. Soudain, le majestueux fracas du lourd fer contre le bronze retentit depuis la monumentale porte d’entrée dans le château tout entier. La domestique de la maison, la modeste ...
    ... Églantine Vormerau, tira de toute sa force la poignée de la lourde porte. Ce n’était pas aisé pour quelqu’un comme Églantine, toute petite et menue comme une souris de cuisine. Mais elle n’eut pas longtemps à se donner cette peine car la porte s’ouvrit d’elle-même. Églantine eut un mouvement de recul sous l’effet de la surprise, surprise qui ne tarda pas à se transformer en véritable ahurissement, lorsqu’elle vit, là, sous la pluie battante, noyé dans son vêtement trop ample, presque effondré sur sa canne… un vieillard rabougris, minuscule et maigre comme un pancréas de musaraigne. Églantine allait lâcher un cri monstrueux lorsque le vieil homme approcha sa main du front de la domestique en disant :
    
    — Rhododendron frisotté !
    
    Ce ne fut pas un cri qu’Églantine lâcha, mais une superbe voix d’opéra digne des plus grandes cantatrices. Le curieux personnage tressaillit, et, dans un grand affolement, sortit de dessous son chapeau melon un potentiomètre qu’il régla sur zéro. Immédiatement la voix se tut et Églantine s’endormit.
    
    — Zut, s’exclama-t-il, je me suis encore trompé de formule !
    
    Malheureusement, les prouesses vocales d’Églantine avaient alerté Loreline-Inès qui se précipita dans le hall d’entrée, un fusil de chasse à la main. Quand elle vit la scène, furieuse, elle pointa l’arme sur le vieillard qui, dans la précipitation, prononça une succession de formules bizarres qui d’abord firent exploser un vase de porcelaine de Chine, décrochèrent une tringle à rideaux, ...
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