Au coeur du silence
Datte: 10/04/2020,
Catégories:
ff,
froid,
parking,
voyage,
voiture,
amour,
Masturbation
Oral
jouet,
aventure,
roadmovie,
amourpass,
Auteur: Calpurnia, Source: Revebebe
... étoiles, nous avons dû imprudemment nous endormir. Même elle, malgré les amphétamines. C’était juste un rêve.
Ma compagne a disparu. Où es-tu, mon amour, toi la chair de ma chair ? Pourquoi t’es-tu enfuie au fond de cette nuit si obscure ? Ou peut-être as-tu été enlevée ? Comment pourrais-je te retrouver ? Je veux courir à ta recherche, mais mes jambes ne m’obéissent plus. Je veux crier ton nom pour t’appeler, te supplier de revenir vers moi, mais aucun son ne sort de ma gorge. L’angoisse m’envahit ; je manque cruellement de toi et suis paralysée.
J’entends des pas qui se rapprochent, les pas de quelqu’un qui marche dans la neige. De loin, il me semble voir une silhouette de femme se détachant sur le ciel étoilé, avec une ample robe blanche et de longs cheveux. De près, au clair de lune, il s’avère que le visage est masculin. Il me sourit et son regard est rempli de joie. Dans une main, il tient une coupe, de l’autre un long bâton de bambou qu’il me tend pour m’aider à me relever, mais qui aussitôt que je tiens se transforme en crotale. Le serpent s’enroule autour de moi et me pique au sein. Pourtant, je ne ressens aucune douleur : c’est comme un enfant qui tète, et bien que je n’aie jamais enfanté, je l’allaite. L’homme m’offre à boire dans sa coupe : c’est du vin, chaud, parfumé et enivrant. Il me propose de le suivre, ce que je m’apprête à faire, ensorcelée. Je lui demande son nom. Il me répond « Dionysos, celui qui est né deux fois ».
Quelqu’un me secoue dans ...
... mon sommeil. La première chose que vois, ce sont de grosses chaussures de marche. Un homme corpulent au visage ridé, tenant une lampe de poche et portant un fusil en bandoulière, me parle.
— Madame, Madame, réveillez-vous ! Vous allez mourir de froid à vous endormir ici.
Valma s’éveille aussi. Elle se lève et secoue sa robe chargée de givre.
— Merci, Monsieur, dit-elle. Vous avez raison. C’était imprudent de s’endormir dans la neige.
Nous grelottons. Il nous tend la main pour nous aider à nous relever, car nous sommes un peu ankylosées, et nous offre à boire un peu de vin chaud à sa gourde isotherme. J’en prends quelques gorgées – cependant Valma reste sobre. Cela fait tourner la tête, mais réchauffe efficacement. Nous remercions d’un sourire celui qui nous a probablement sauvé la vie. Il doit penser que nous sommes folles de nous étendre en petite tenue par ce froid, et sans doute a-t-il raison. Mais il se trouve que j’ai beaucoup apprécié cette folie. C’était notre voyage au cœur du silence.
Après lui avoir adressé un geste amical de la main, nous repartons. Maintenant, place au bruit. Valma reprend un cachet pour ne pas s’endormir à nouveau. De retour sur l’autoroute, le chauffage nous restitue progressivement nos couleurs. Si ce chasseur providentiel – qui est un peu braconnier parce que la chasse par temps de neige est interdite – ne nous avait pas trouvées, nous nous serions endormies pour toujours, et au matin les gendarmes se seraient demandé ce que nous ...