Huis clos - Histoires de Sexe

Huis clos

Huis clos

— Excusez-moi, monsieur, vous pourriez me prêter votre portable, un tout petit instant ?
— Bien entendu. Mais asseyez-vous et refermez la portière. Sa batterie est morte, il ne marche que s’il est branché sur l’allume-cigare…
— …Vous croyez qu’on va rester coincés encore bien longtemps ?
— Il y a des camions en portefeuille qui bloquent l’autoroute. Et il neige encore… Vos cheveux sont tout blancs. Voici un mouchoir en papier, pour les essuyer. Et prenez le portable !
— Ça vous ennuierait beaucoup si je retournais dans ma voiture ? Je vous le rapporterai très vite.
— Comme vous voudrez. Mais vous allez finir par prendre mal, à déambuler sous la neige comme vous le faites depuis cinq minutes… si peu habillée, et avec ces chaussures légères.
— Je suis tellement inquiète ! Et toutes ces voitures dont les moteurs tournent au ralenti ! Ces horribles camions ! Il faut que j’appelle mon mari…
— Faites donc ! Nous ne nous connaissons pas. Alors, ce que vous pouvez lui dire, à votre mari…
— Allo, Thierry ? Ma voiture est en panne… Oui, dans le quartier du bureau, évidemment… Un dépanneur ?… Bien sûr… Qu’il me prête une voiture ? Mais c’est pas possible !
— Qu’est-ce que vous avez fait ?
— J’ai coupé, et confisqué le portable. Vous étiez en train de vous enferrer complètement. Il est jaloux, votre mari ?
— Horriblement.
— Vous êtes censée être encore au bureau, à dix heures du soir ?
— Un arrosage.
— Où est-il, votre bureau ?
— À Lyon. Quartier de la ...

... Part-Dieu.
— Et vous êtes bloquée par la neige à soixante kilomètres de Lyon.
— Je ne suis pas allée au bureau, aujourd’hui.
— Et votre mari l’ignore.
— Ben oui !
— Où habitez-vous ?
— À Charbonnières.
— Il a les moyens d’aller vous chercher à Lyon, votre mari ?
— Il voudra pas laisser les enfants tout seuls. Mais il peut les faire garder par une voisine…
— Nous avons dix minutes pour arranger ça. Il appelle le garagiste.
— Hein ?
— Il a repéré le numéro de mon portable. Comme je l’ai fermé, pour le moment il se casse le nez. Avez-vous une amie, ou une collègue de travail, susceptible de vous héberger pour la nuit, quand votre voiture est en panne, et qu’elle ne peut être réparée que le lendemain ?
— Il y aurait bien Michèle.
— Appelez Michèle.
— Allo, Sébastien ? Bonsoir, c’est Évelyne. Tu peux me passer Michèle, s’il te plait ?… Michèle ? C’est Évelyne. Écoute-moi bien. Je vais dire à Thierry que je suis en panne et que je couche chez vous. Hein ? Tu comprends rien à ce que je te dis ? Je suis en panne, je couche chez toi, c’est simple. Si Thierry appelle, tu confirmes… Mais non, j’suis pas vraiment en panne. Je suis bloquée par la neige sur l’autoroute. Pourquoi si tard ? Ben… Ah ! Ce que je vais dire à Thierry ? Il y avait un arrosage, au bureau, je suis un peu stone et ma bagnole veut pas démarrer. Voilà.
— Qu’est ce que vous dites ?
— Donnez-lui le numéro de mon portable.
— Si Thierry appelle, tu nous le dis aussitôt. Note le numéro… Mais non, c’est pas avec ...