1. A l'amour


    Datte: 28/03/2020, Catégories: fplusag, extracon, amour, nopéné, nonéro, Auteur: Lamoureux, Source: Revebebe

    Cet amour est mort, je le sais. Pourtant il vit au fond de moi ; ce qu’on appelle un souvenir impérissable. Un moment de notre vie à tous les deux. Tout cela est si loin aujourd’hui. Pourquoi le coucher sur le papier alors ? Il me semble que je n’étais pas heureux alors, mais ce fut un bel amour, qui mérite mieux que de rester enfoui à jamais dans nos mémoires. Ces quelques flashes qui demeurent teintés d’érotisme, de désir, et de plaisir. Tu fus la femme de mes vraies premières fois, voilà pourquoi.
    
    Vingt ans déjà.
    
    J’étais un jeune homme un peu naïf avec pourtant, toute l’arrogance de sa jeunesse. Tu étais une jeune et belle femme. Dix ans nous séparaient, ou nous ont réunis je ne sais plus. Mariée, deux enfants, une vie qui n’aurait pas fait rêver la jeune fille que tu fus, une vie que j’ai bousculée, et pourtant…
    
    Mon premier employeur, mon premier CDI, même si je ne le savais pas encore, puisque j’étais étudiant. C’est toi qui m’as formé. Je ne connais pas le coup de foudre, je ne sais pas si c’est ce que j’ai vécu ce jour-là. Mais lorsque j’ai croisé tes yeux, j’ai eu ce sentiment que rien jamais ne pourrait m’en détourner. Tout au long de cette journée, et les jours qui suivirent, alors même que j’avais compris l’essentiel du poste, je passais mon temps à t’interroger, pour que tu me confirmes que je faisais bien, et nos regards se croisaient, et j’étais heureux.
    
    Tu étais belle, je n’étais pas laid. Très vite nous avons formé un duo, plein de discours ...
    ... enflammés pendant les pauses, de joie, et de rires, de confidences. Et puis je crois que nous sommes devenus amis ; parce que tu étais mariée, et que j’avais une haute estime de l’amour, et plus encore de l’amour que je te portais : il ne pouvait se satisfaire d’une aventure extra-conjugale.
    
    Puis tu m’as fait connaître ta famille. Après tout j’étais un ami ; et c’est ainsi que je suis devenu l’ami de toute la famille, jouant avec les enfants, plaisantant avec le mari devant un verre, et me consumant d’amour pour toi.
    
    Et parce que tu aimes les hommes et que tu aimes séduire, je ne peux croire que tu ne le savais pas dès le premier jour. J’avais le rôle de l’amoureux transi, qui ne connaît pas les femmes ; tu avais le rôle de la femme qui a croqué les hommes, sûre d’elle ; qui a connu des hommes à genoux devant elle lorsqu’elle les a quittés ; qui ne s’est jamais résolue à ne vivre que pour un seul. Aujourd’hui pourtant tu sais que ce n’est pas la recette du bonheur, mais quelle est-elle ?
    
    Et puis voilà un soir, nous rentrons chez vous, nous avons bu tous les trois, lui plus que de raison s’endort dans le canapé ; les enfants dorment dans leur chambre. Tu te plains depuis plus d’une heure d’un mal de tête persistant. Quand commence le jeu ? Je ne sais pas. Tu me dis que ces migraines ne passent que par un massage du cou. Je te crois. Nous ne buvons plus. Nous sommes probablement ivres, mais pleinement conscients l’un et l’autre. Il y a quelques silences, des regards. Il dort ...
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