Maigret et le cadavre exquis - Histoires de Sexe

Maigret et le cadavre exquis

... tellement mufle, parfois. Mais non, j’entendais aussi les soupirs de la fille. J’ai cru devenir folle. J’ai raccroché. Je l’avais attendu hier soir, je l’avais attendu toute la matinée, et voilà ! Mais quel salaud ! J’étais désemparée. Alors j’ai pensé au docteur Pardon, qui a toujours été si gentil pour moi, et j’ai pris le train pour Paris. Les hommes sont des salauds.
— Tu as bien fait, intervint Pardon, avec un bon sourire. Mange un peu. Tu ne sais pas qui te mangera, comme disait ma grand-mère.

Mais Caroline n’avait pas faim, pas faim du tout. Elle se leva et demanda si elle pouvait se servir du téléphone qui était posé sur le buffet Henri II. Pardon le lui montra d’un geste du bras. Quand elle se pencha, la chemise de nuit vint se coller à ses fesses rebondies. À damner tous les seins du paradis ! Maigret ne pouvait pas en détacher le regard tout en pensant que lui, méfiant par nature, à la place de son ami, il aurait cherché à savoir ce qu’elle voulait en faire avant de l’autoriser à se servir du téléphone.

— Allo !… Madame Déliau ? Madame Audrey Déliau ?… Est-ce que Frédéric est là ?… Ah ! Il aide les enfants à faire leurs devoirs ! …Non, non, c’est à vous que je veux parler. Ici É-ve-ly-ne… Mais lui me connaît très bien ! Écoutez-moi. Je veux vous dire que vous auriez intérêt à le surveiller. Vous comprenez, entre femmes il faut se serrer les coudes. J’ai tellement honte d’avoir cédé à ses avances ! Mais depuis le coup du parking en sous-sol, cet ...

... après-midi, il me dégoûte. Alors je ne le reverrai plus jamais, vous pouvez le lui dire. Au revoir, Madame.

Et elle raccrocha, fière d’elle. Elle pense que c’est bien joué, se dit Maigret : Deux d’un coup ! Quelle garce ! Ça peut marcher. Ou rater…

— Quand il reviendra vers moi, je le ferai languir, le salaud ! Il s’occupe des devoirs de ses enfants ! Parce qu’il a des enfants ! Mais quelle ordure, ce type !…

Ensuite elle se pelotonna sur un fauteuil. Son mouvement fit jaillir un sein, qui resta exposé à la vue de chacun. Le regard de Maigret était attiré par ce sein.

— Un fruit ? demanda Francine.
— Oui, un fruit, un très beau fruit, répondit Maigret, avant de se rendre compte qu’elle lui proposait de prendre une pomme dans la corbeille. Il en prit une, en pensant à l’arbre d’Éden, de la Connaissance du Bien et du Mal. Une tentatrice lui offrait une pomme. Il savait que Caroline n’était pas pour lui, ce n’était que trop évident. Mais c’était avec convoitise qu’il fixait désormais son regard dans celui de Francine Pardon.

Celle-ci se moqua gentiment de lui, en lui disant qu’il n’aurait sûrement pas été le dernier, n’est-ce pas, à lécher le corps de cette jeune fille.

— Elle a de beaux seins, c’est vrai, ajouta-t-elle. Mais on en voit autant, et même plus, sur n’importe quelle plage. Et moi, cet été, à La Baule, j’ai fait comme les autres… Je n’étais pas la plus vilaine !
— Certes non, Francine, confirma Pardon.

Francine Pardon regardait Louise Maigret, ...