Maigret et le cadavre exquis - Histoires de Sexe

Maigret et le cadavre exquis

... salaud ! finit-elle par dire. Un instant, Maigret crut qu’elle parlait de lui, mais non, elle visait son amant, un certain Frédéric.
— Je l’aimais comme une folle. J’étais sûre qu’il m’aimait. Il n’arrêtait pas de me le dire. Enfin, surtout au début… Il était prêt à quitter sa femme pour vivre avec moi, mais il lui fallait du temps. Il venait me retrouver à peu près une fois par semaine. Sur mon agenda, je notais : Frédéric. Bonheur !!! Il me faisait l’amour comme nul autre n’aurait été capable de le faire. Je fondais entre ses bras.

Elle les regardait tous comme si elle avait été la seule à savoir ce qu’était le plaisir. Comme s’ils avaient été trop vieux pour se souvenir de cette ivresse des sens, à défaut de la connaître encore. Comme si Maigret était incapable de bander. Si elle avait su ! S’il lui avait pris la main, pour la poser sur sa braguette si gonflée, elle aurait compris peut-être. Il valait bien ce Frédéric.

— Il devait venir hier soir, passer la nuit avec moi. Toute la nuit ! Je m’étais parfumée, j’avais préparé un petit repas aux chandelles, comme il les aime. Il se jette d’abord sur moi, bien sûr, et me fait l’amour avec voracité… Mais ensuite il aime bien faire une petite dînette. J’avais acheté une bouteille de champagne.

Elle dévisagea Maigret avec une lueur de défi dans les yeux, et continua.

— Un de ses jeux favoris, c’était de faire couler sur mes seins et mon ventre le contenu du fond de la bouteille, et de me lécher, longuement. Ensuite, ...

... avec le goulot de la bouteille…

Elle posa une main sur son pubis, et sanglota plus fort.

Maigret se demanda s’il n’allait pas se répandre dans son slip. Il vit cette fille, allongée nue sur cette table, et se vit lui-même en train de laper sur son corps le vin de la seconde bouteille de bordeaux que Pardon venait de déboucher. Et approchant ensuite le goulot de la bouteille du sexe déjà béant de cette Caroline.

— Je l’attendais. Il m’a d’abord téléphoné pour me dire qu’il ne viendrait que ce matin, parce qu’il était retenu à Dijon. Je l’ai rappelé, une heure après, sur son portable. Il ne m’a rien dit de spécial, sauf une bêtise. Il plaisante toujours à tort et à travers. Il m’a réveillée ensuite pour me dire qu’il ne viendrait plus jamais, à cause d’une certaine Évelyne. J’ai vécu la pire nuit de ma vie.

Elle se tamponnait les yeux avec le bas de sa chemise de nuit, sans se soucier de Maigret, qui avait les yeux fixés sur les poils bouclés de sa toison, d’un blond très pâle, et sur le corail de ses lèvres. Les autres ayant surpris son regard, pour se donner une contenance il s’empara de la bouteille pour remplir le verre de Caroline et la reposa en laissant quelque temps sa main autour du goulot, comme s’il avait empoigné un sexe viril.

Elle le remercia et continua son récit que plus rien ne semblait pouvoir arrêter.

— Je l’ai rappelé vers deux heures de l’après-midi. Cette fois il m’a répondu. Il a été odieux ! J’ai cru à une mauvaise plaisanterie, il est ...