[Sci-fi] Fièvre rose (4)
Datte: 29/02/2020,
Catégories:
Divers,
Auteur: Narcisseique, Source: Xstory
... bien-fondé de ses décisions.
La pseudo-catastrophe à laquelle nous avons survécu a réveillé notre libido endormie par une première éternité d’accaparants plaisirs abstraits et calculatoires. Oui, nous avons longtemps pris notre pied à manipuler des chiffres, calculer et analyser des situations virtuelles, à résoudre et inventer de nouvelles physiques et mathématiques. Nous étions fiers et heureux de participer encore, même infiniment peu, au développement de la machine qui se développe elle-même pour développer notre plaisir.
La machine juge bon de nous priver du savoir à ce stade; et trop dépendants des technologies informatiques, nous arrêtons toute recherche scientifique, comme un musicien jouant d’un seul instrument arrêterait de jouer après la perte de son jouet sonore fétiche. Livrés à nous même, n’ayant même pas le loisir de la synthèse des mets appétissants que la machine fait pour nous; nous n’avons plus qu’une envie : satisfaire notre corps en manque, longtemps délaissé pour les plaisirs intellectuels.
— Salut beauté.
Un type que je ne connais ni d’Eve ni d’Adam m’agresse carrément. Ses mots sont accompagnés d’une main sur les fesses qui me met hors de moi. Je lui assène un coup de poing qui le met à terre.
— Ah !
L’inconnu pousse un cri de douleur. Il se tient le nez en sang, sang qui ne tarde pas à se répandre sur sa main puis sur sa gueule alors qu’il tente maladroitement de s’essuyer.
— Non, mais quelle connasse ! Ça va pas, ou quoi ?!
Je ...
... ne dis rien, mais lui lance un regard assassin, de marbre face à sa douleur.
— Putain...
L’inconnu relève le torse et se tient à demi accroupi, appuyant de son bras sur le sol pour provoquer un effet levier qui le remettra debout. Il fait la gueule. Le pauvre chou se sentirait-il vexé ? Il ne tarde pas à jouer le mâle effarouché.
— Tu sais bien qu’il n’y a plus rien à faire ici. Merde. Il suffisait de me parler et je ne serais pas allé plus loin.
— Ça reste un viol, connard. On demande la permission aux femmes avant de leur toucher les fesses.
— Un viol, ha ! Comme tu y vas fort toi !
— Tu te fous de ma gueule ?! On est plus au XXe ni même au XXIe siècle. La machine qui veille sur tout, ce n’est pas une excuse.
— Œil pour œil, dent pour dent, hein ?! C’est plus vieux que le XXe ça, si je ne m’abuse.
Mon interlocuteur ricane. Je lui signifie par un nouveau regard haineux qu’il ne m’arrachera pas même un regret. Il finit par me bredouiller des excuses pitoyables.
— Bon, d’accord, je suis désolé ! On est tous tendus, tu sais. Fièvre rose, c’est un sacré morceau à gérer. Tu sais bien comment c’est l’incubation.
— Non, je ne sais pas, mais je m’en cogne. Tu ferais mieux de ne pas gâcher tes excuses en me sortant des idioties pareilles. Je n’ai pas de temps à perdre avec toi dans un débat qui n’a pas lieu d’être.
— OK... Je suis un abruti et tout a très mal commencé entre nous, mais on peut bien se poser quelque part et discuter un peu.
J’éclate ...