1. 53.7 Mourad


    Datte: 03/02/2020, Catégories: Entre-nous, Les hommes, Auteur: Fab75du31, Source: Hds

    ... Et je parle moins du fait qu’il est en train de me foutre carrément à la porte que de cette cigarette après le sexe qui me rappelle tant les habitudes d’un autre garçon.
    
    Je me fais violence pour me lever du lit ; je regagne vite le séjour, et mes vêtements.
    
    J’ai envie de lui dire que c’était bien, même si je ne le pense pas. C’est con, même si je n’ai pas vraiment pris mon pied, je n’arrive pas à zapper un mec comme ça. A me dire qu’on a baisé une fois, qu’on va se dire au revoir, ou plutôt adieu, tchao et basta.
    
    Je ne sais pas si j’aurais envie de le revoir, mais le fait d’être mis à la porte de façon si expéditive me touche, me déçoit, m’apporte un sentiment de solitude et d’humiliation.
    
    Bien sûr, je savais dans quoi je m’embarquais. Mais je suis quand même choqué par ce sentiment de m’être fait baiser par un mec qui ne voulait vraiment que tirer un coup vite fait. Oui, je sais, je suis naïf à la limite de la bêtise.
    
    « Salut… et à un de ces quatre… » je ne peux m’empêcher de lui lancer pendant que je passe la porte, alors que déjà la fumée de la cigarette irrite mes narines.
    
    « Ouais, salut… » voilà sa réponse laconique pendant qu’il referme le battant presque sur mon nez.
    
    En marchant le long du canal, je me sens envahi par un sentiment de tristesse et de désolation ; j’ai l’impression de n’avoir été qu’un jouet sexuel, rien de plus. S’il le faut, demain soir Mourad lèvera un autre mec et il oubliera tout aussi vite mon visage, mon prénom, mon si bon ...
    ... cul.
    
    En marchant le long du canal, je réalise que les plans, les baises, c’est rude pour le moral. Je suis trop sensible, trop naïf. Mais les plans, ce n’est pas pour moi.
    
    En marchant le long du canal, je ne peux m’empêcher de ressentir un malaise à l’idée d’avoir « trompé » Jérém... c’est très con, je sais, pourtant, cette idée me dérange.
    
    Même si, de toute façon, cette fois-ci c’est vraiment fini. Cette nuit il m’a balancé ce « dégage », clair et sans appel. Comme à un chien. Il ne veut plus me voir. Et je ne veux plus le voir.
    
    Non, je n’ai pas trompé Jérém mais je me suis trompé sur Jérém ; finalement, je lui ai prêté une sensibilité qu’il n’a pas, finalement j’ai juste pris mes rêves pour des réalités ; j’ai tout accepté de lui, en me disant qu’en dehors de nos baises il avait un minimum de respect pour moi ; apparemment, ce n’est pas le cas ; finalement, entre l’attitude de Jérém et celle de Mourad, je ne vois pas où est la différence. Vraiment, je n’ai été que son vide couilles, rien de plus.
    
    Je suis presque arrivé chez moi lorsque, dans un éclair, comme une évidence éclatante, je trouve enfin d’où viennent ces putains de couplets qui me trottent dans la tête depuis que, plus tôt dans la soirée, avant d’aller à la rencontre de ce double fiasco avec Jérém et avec Mourad, j’ai été voir le film Moulin Rouge au cinéma.
    
    Love lift us up where we belong/L'amour nous soulève jusque-là où nous sommes destinés
    
    Where the eagles cry, on a mountain high/Là où les ...
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