53.7 Mourad
Datte: 03/02/2020,
Catégories:
Entre-nous,
Les hommes,
Auteur: Fab75du31, Source: Hds
La nuit est tiède et la rue déserte. J'aime ce calme qui s'empare des rues des villes après une certaine heure de la nuit et avant une certaine autre heure du petit matin ; c'est un moment qui n'est jamais trop long, une heure ou deux, quand tout le monde semble couché et personne ne semble encore levé ; on a l'impression que la ville toute entière est en train de dormir, et que la Terre s’est arrêtée de tourner.
Le bruit de quelques voitures solitaires au loin semble mettre encore davantage l’accent sur ce silence presque parfait.
Le temps semble comme suspendu, assis sur les toits de la ville, en train de profiter lui aussi de la fraîcheur de la nuit.
Ce silence me fait du bien, m’apaise. J’ai un bon bout à marcher avant de retrouver mon lit. Je suis sonné, j’ai comme l’impression de planer, l’impression que je ne réalise pas complètement ce qui vient de se passer. Je n’ai pas vraiment envie de retrouver mon lit, je ne veux pas dormir ; je ne veux pas laisser filer cette nuit, pour ne pas devoir me réveiller demain, car je sais que je me réveillerai avec le cœur meurtri. J’ai envie de faire durer cette nuit le plus longtemps possible.
Voilà pourquoi, j’imagine, lorsque j’arrive au canal, une force inattendue m’empêche de tourner à gauche, en direction de mon lit, pour me pousser avec insistance dans la direction opposée.
Une force amorcée par le passage d’une petite bande de mecs dont les échanges me laissent entendre qu’ils sont du bon côté de la Force et ...
... qui se dirigent vers le On Off.
Je leur emboîte le pas. Je ne sais pas pourquoi je fais ça, c’est horriblement tard, je suis mort de fatigue, mes parents vont encore s’inquiéter, je vais encore devoir donner un million d’explication bidons ; et, surtout, je suis presque certain que je n’oserai franchir la porte tout seul ; de toute façon, en short, ils ne me laisseraient jamais rentrer.
Pourtant, je le fais. J’essuie mes larmes, je traverse la route, je marche côté canal, l’air de rien. L’enseigne rouge lumineuse me nargue.
Je la fixe, comme en hypnose, je ralentis le pas ; lorsque mon regard se détourne enfin, je capte le regard d’un mec qui est en train de fumer juste en dessous de l’enseigne lumineuse ON OFF, comme mon bobrun l’avait fait la fois où il m’avait entraîné dans cette boîte.
Le mec me regarde de façon insistante ; je le regarde, cherchant à comprendre si vraiment il s’intéresse à moi. Nos regards ne se quittent pas. Je ressens une sensation grisante à l’idée de plaire à ce garçon. Je le détaille : 1 mètre 70, physique pas vraiment baraqué, néanmoins très bien proportionné, genre petit rebeu ; habillé simplement, simplement sexy : t-shirt bleu cintré col en V, jeans clair, baskets blanches.
Devant ce beau garçon, mon corps me rappelle son envie de sexe, cette envie qui l’avait ravagée comme un incendie une demi-heure plus tôt au pied d’un escalier.
Une envie qui devient désir brulant lorsque ce bel inconnu semble esquisser un petit sourire, ...