Chagrin
Datte: 03/02/2020,
Catégories:
amour,
jalousie,
cérébral,
nopéné,
nonéro,
mélo,
couple,
Auteur: Passerose, Source: Revebebe
... tête sans doute provoqué par une trop longue exposition au soleil. Allez, viens ici que je t’embrasse.
Elle mit cette fois plus de chaleur, ses lèvres s’ouvrirent, sa langue fit un rapide voyage dans ma bouche, une étincelle brilla dans ses yeux. Ce ne fut pas aussi long qu’au temps de nos fiançailles, mais cela suffit à me rassurer sur le champ.
À l’heure du coucher, ostensiblement elle se prépara un Efferalgan effervescent, signe que son mal de tête ne se dissipait pas. Il faisait chaud dans notre chambre, nous n’étions couverts que d’un drap léger. Après une dernière étreinte, je compris que ce soir serait un soir « sans », en raison de sa lassitude ; je refoulai mon désir, constatai, hélas, que Marie me tournait le dos et je décidai de ne pas l’importuner par des caresses ou taquineries souvent préliminaires à des scènes d’amour brûlantes.
Quand nous nous lâchions, Marie savait répondre sans frein à mes sollicitations. Je n’avais certes rien d’un amant monstrueux, cependant j’étais assez satisfait des attributs dont la nature m’avait doté et qui faisaient de moi un mari très acceptable, comme me l’avaient révélé quelques conquêtes avant le mariage. D’ordinaire Marie flattait mon ego en m’adressant des compliments sur l’instrument de son plaisir et sur mon art de m’en servir pour la mener à l’orgasme. Après deux ou trois manifestations répétées de sons gutturaux qui annonçaient qu’elle atteignait des sommets, il lui arrivait de vanter mon endurance. Elle ...
... était heureuse, cela se voyait et s’entendait et avait pour effet de me gonfler d’orgueil et de relancer ma libido. La coquine savait y faire pour obtenir de nouveaux assauts. Rares étaient les soirs où j’étais délaissé, sans caresses coquines, sans mélange de salives, sans une rudimentaire pipe en période défavorable : ce n’était pas son plat favori.
Mais la caractéristique principale de notre amour était la tendresse, la douceur, le partage amoureux plutôt que la recherche de l’exploit physique ou la chasse brutale à l’orgasme arraché au milieu des cris par des mouvements violents. L’union des corps calme, patiente, attentive aux réactions du partenaire, menait progressivement à l’extase partagée, merveilleuse entente, complicité des sens qui traduisait l’intensité des sentiments.
Le sommeil fut long à venir. J’entendais à côté de moi le souffle régulier de Marie. Le médicament avait détendu ses nerfs bien vite. Peut-être se réveillerait-elle dans de meilleures dispositions au cours de la nuit et voudrait-elle rattraper le temps perdu. Je gisais sur le dos, dans l’attente d’un éventuel renversement d’humeur et de situation. J’attendis en vain. Je brûlais de désir à proximité d’un corps chaud mais endormi. Je repensais à ma journée de travail, semblable aux autres : je partais le matin à sept heures quinze, revenais manger entre midi et quatorze heures et rentrais du service du personnel à dix-sept heures. Ma deux CV ne mettait pas dix minutes à parcourir les quelques ...