1. 55.5 Après le déluge (partie 2, Gruissan – Toulouse)


    Datte: 27/01/2020, Catégories: Entre-nous, Les hommes, Auteur: Fab75du31, Source: Hds

    ... façon, je ne sais même pas si je vais réussir à plaire. Mon corps peut-être, va plaire, pour une baise « à la Mourad ». Mais qui voudra d’une relation avec moi ? Qu’est-ce que j’ai réellement à offrir à un mec ?
    
    Et qu’est-ce que les mecs ont à m’offrir ? Qui sont les gays ? Que recherchent-ils ? Comment fonctionnent-ils ? Est-ce qu’ils ne pensent tous qu’à tirer leur coup vite fait ? Comment être sûr de bien me protéger, de ne pas choper une saloperie ?
    
    Soudainement, je repense à Stéphane. Un mec bien. Gentil, adorable, très respectueux, et à cheval sur la protection. Ça me ferait tellement de bien qu’il soit là à cet instant précis. Mais pourquoi il a fallu qu’il parte en Suisse ? Peut-être que s’il était resté sur Toulouse, à l’heure qu’il est je connaitrai le bonheur avec lui, au lieu de connaître ce malheur, ce désespoir.
    
    Un autre Stéphane, ça existe ?
    
    Ce matin, je repense également au silence de Thibault. Un silence que je trouve de plus en plus étrange.
    
    Pendant des jours, j’ai cru que dans son silence il y avait de la discrétion, le respect de ma souffrance, et la conviction que si j’avais besoin de lui, je savais où le trouver.
    
    Mais plus le temps passe, plus je commence à me dire qu’il y a peut-être autre chose derrière sa distance : je me dis que le bomécano est peut-être dépité de mon comportement ; il a dû être déçu de moi lorsqu’il a appris que j’ai frappé son pote en premier. Et il a raison d’être déçu de moi. Moi-même, je le suis.
    
    J’ai ...
    ... frappé en premier, je n’ai aucune excuse. J’ai été violent, et son silence est la pire des sanctions : j’ai été violent et je ne mérite plus son estime, ni son amitié.
    
    L’absence de Thibault ajoute encore de la souffrance à ma détresse. J’ai mal à l’idée de le perdre, lui aussi. Thibault est avant tout le meilleur pote du garçon qui me rend si malheureux ; mais c’est aussi un très bon pote, peut-être même, certainement même, mon meilleur pote.
    
    Je voudrais lui envoyer un message mais je n’ose pas.
    
    Et puis, une partie de moi est convaincue que le mieux à faire, c’est peut-être de couper les ponts avec le passé.
    
    Dimanche 19 août 2001
    
    C’est aujourd’hui que Philippe débarque enfin à l’appart ; il est toujours aussi charmant, dans son petit look étudiant à dévergonder, avec ses lunettes carrées plutôt classe, ses cheveux ondulés dans lesquels on a envie d’enfoncer les doigts et de caresser sans modération, sa barbe d’une semaine bien fournie et bien taillée ; vraiment un beau gars, et super gentil en plus.
    
    Elodie est heureuse, et ça me fait vraiment plaisir pour elle. Le revers de la médaille, c’est que, du coup, elle est très accaparée par son homme, ce qui la rend automatiquement moins présente pour moi.
    
    Nous avons passé une semaine collés serrés ; je crois que, à part les nuits, nous n’avons pas passé dix minutes l’un hors de la vue de l’autre. Et là, sans transition, je me retrouve à tenir la chandelle sous un parasol soudainement devenu trop petit.
    
    Et même si ...
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