1. Perte de maîtrise


    Datte: 25/01/2020, Catégories: fh, volupté, entreseins, facial, Oral 69, Auteur: Olaf, Source: Revebebe

    Dans les rapports de police, cela se nomme « perte de maîtrise du véhicule pour raison indéterminée ». Lu dans la rubrique des faits-divers, un café à la main, c’est nettement moins impressionnant que vu, juste devant soi, un soir d’été au fond d’un bois. Zig, zag, rezig, rezag, et peng, droit dans un arbre sans aucune tentative de freinage. Un bruit terrifiant, puis un silence immense, définitif. Plus grand-chose à espérer pour le conducteur. Pantin désarticulé, il a quitté ce monde en une fraction de seconde et n’expliquera à personne ce qui s’est réellement passé avant la faute fatale.
    
    J’ai probablement dû avertir les secours. Je me souviens qu’on s’est occupé de moi, qu’on m’a réconfortée, interrogée, puis rendue à ma solitude. Je venais d’être précipitée dans la vie d’un homme, la dernière minute de la vie d’un homme, que le hasard avait mis devant moi sur la route. Il s’était planté dans ma mémoire, à l’instant même où il partait sans laisser d’adresse terrestre. Quelle indélicatesse. Le savait-il ?
    
    Apparemment, le monsieur était une personne connue de la région. À lire les coupures de presse, les uns semblaient le regretter, d’autres évoquaient déjà sa succession, tous pensaient que le sort était injuste, mais que, ceci dit, il avait assez bien vécu quand même !
    
    En tant que gardienne de sa dernière minute, je trouvais surtout qu’il était fort mal mort, même si la forêt donnait une touche solennelle à son départ précipité.
    
    Je ne sais toujours pas pourquoi ...
    ... j’ai senti le besoin de retourner sur le lieu de l’accident le surlendemain. Il fallait que je le fasse. Je suis d’abord restée à bonne distance, me remémorant chaque seconde précédant le choc. Puis je me suis approchée. Jusqu’à chercher l’endroit exact où l’âme du conducteur s’était envolée…
    
    C’est ce à quoi je rêvais au moment où j’ai été brutalement ramenée sur terre par une sonnerie de portable. Une sonnerie gargouillant à côté de mes pieds et annonçant un texto. Les objets de la voiture avaient probablement été éparpillés sous le choc, et la police n’avait pas tout retrouvé. On devait chercher l’accidenté, ne pas encore savoir. Un de ses liens n’était pas encore cassé. Il fallait que ce soit à moi de tomber sur ce morceau d’intimité…
    
    J’ai ramassé le téléphone machinalement, sans penser aux conséquences. J’étais plutôt paralysée par l’incongruité de la situation, peinée à l’idée que quelqu’un était en train de s’inquiéter. J’étais la seule à pouvoir donner une réponse. Touche « ouvrir messages » - « lire le dernier message »…
    
    — Laisseras-tu mon ventre en jachère ce soir encore ?
    
    Que répondre à cela ? Je renonce aux fioritures.
    
    — Votre homme est mort hier soir, sincères condoléances !
    
    Message envoyé, des larmes giclent quelque part.
    
    Maintenant que j’ai ouvert la liste des messages, j’ai la main sur la boîte de Pandore. Je peux connaître le numéro de l’appelante, lire ce qu’avait reçu le défunt ces derniers jours, mettre des noms sur des numéros. Si je ...
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