Une courtisane ou Belle Époque
Datte: 25/01/2020,
Catégories:
f,
fh,
amour,
cérébral,
revede,
Masturbation
Oral
pénétratio,
champagne,
fouetfesse,
coupfoudr,
tarifé,
Auteur: Asymptote, Source: Revebebe
Atteindre à la majorité civile ! Ce fut, pour moi, l’accession à un palier attendu depuis plus de six interminables années, autant dire une éternité. Une période à l’issue de laquelle j’avais imaginé… non, j’avais la certitude que mon univers exploserait.
Je m’étais amusé parfois à élever des libellules, pauvres larves rampantes au fond des eaux avant que soudain, un matin, elles ne fracturent le miroir dormant puis leur cuticule, ne passent d’une vie aquatique à une autre, aérienne et ne se trouvent brutalement là, insectes resplendissants de toutes leurs couleurs, à l’orée d’une existence nouvelle. J’avais cru alors, devoir à l’aube de mes vingt-et-un ans, déboucher de la même manière, dans une ère radicalement différente, sans lien ni comparaison possibles avec l’ancienne.
Hélas… accéder à ses vingt-et-un ans, en 1910, au sein d’une famille bourgeoise et cossue dans une bourgade triste et rébarbative comme Reims, fait tomber sur vous une chape de plomb. Elle vient clore au lieu de les fracturer ces horizons étriqués et lointains en lesquels vous entrevoyiez une perspective d’évasion qui semble maintenant s’évanouir définitivement.
Avoir vingt et un ans quand tout vous porte à la rêverie, que vous êtes un brin sentimental, que vous distillez en votre cœur, dans vos veines, des laves en lieu et place du sang et que vous ne trouvez comme seul répondant à ces élans que l’opacité du pire ennui, vous fait sombrer dans un spleen épouvantable. Spleen, voilà l’abominable ...
... mot lâché. Je n’ignore pas qu’il est de mode et peut vous faire une coquetterie. Ce n’est malheureusement pas avec l’intention de céder au bon ton que je m’en prévaux et mon dégoût absolu de tout, pour tout, est torture sans équivalent. Ah ! S’il était quelque objet qui vaille que je fixe sur lui mon attention ! Ah ! Si seulement, à l’instar de tout un chacun, j’étais sujet aux caprices du désir et parvenais à ambitionner… mais ambitionner quoi ? On me dit pourtant intelligent, fringant et séduisant, j’ai la moustache fière, le port distingué, le verbe concis et le propos plaisant, autant d’avantages qui devraient m’assurer une brillante carrière.
Notre vieille ville vit déjà dans l’attraction de la capitale et le train la place à présent dans l’orbe de celle-ci. Il ne s’y passe plus rien d’intéressant et les événements majeurs qui pourraient l’animer se sont tous déportés vers Paris. La misère qui résulte de cette situation nous voue à l’accablement aussi sûrement que la vigne est vouée au mildiou.La grande affaire, l’unique affaire, ici, c’est le champagne et si vous n’êtes pas enthousiasmé par ce qui y touche, de près ou de loin, vous avez de fortes chances de périr d’affliction. Il en va ainsi des adultes, comment pourrait-il en être autrement de ceux qui débordent des fougues de la jeunesse et souhaitent s’ouvrir à la vie. Une noire mélancolie bientôt vous dessèche, vous racornit et vous transforme en mèche d’amadou prête à s’enflammer à la moindre étincelle.
De ce ...