Qui fait l'ange fait la chienne (2)
Datte: 17/01/2020,
Catégories:
Divers,
Auteur: blueyes, Source: Xstory
... contenter de l’érotisme satinée d’une petite culotte noire. Je me dandinais dans tous les sens devant la glace. De face, de profil, poitrine dressée, reins creusés, derrière bombé, j’évaluais la marchandise. Le doute grandissait. Étais-je seulement consommable ? Comment valoriser la boursouflure éhontée de mon arrière train, maximiser le volume de mes seins, accentuer le galbe de mes cuisses, gonfler mes cheveux fins, aviver mon teint, adoucir les traits de mon visage...
« Allez Corinne, au travail ! »
Commençons par choisir une tenue. Je savais pertinemment où se situait mon arme principale. Mon atout majeur n’avait rien de noble et tout de trivial. Pour capter Thibaud, je devais exhiber la partie la plus vulgaire de mon anatomie. Ce gros cul que je détestais tant. Je m’étais toujours évertuée à dissimuler aux regards cette provoquante protubérance, tant elle m’assignait à une fonction purement génitale, pire, à un usage exclusivement orificiel. J’étais parfaitement consciente de l’effet démesuré produit sur les mâles par une jupe courte, un jean ou un short moulant. Alors je portais des vêtements amples. Mais même cette diversion s’avérait inefficiente. Impossible de gommer le faste de mon trône. Ma taille fine, ma cambrure profonde, tremplin impétueux précipitant encore la courbe panoramique, toutes les lignes de mon corps convergeaient vers ce bombement pléthorique on ne peut plus encombrant. J’étais habituée aux sifflements odieux, aux compliments déplacés et ...
... autres tentatives d’attouchements pervers. J’ignorais tous ces porcs qui réduisaient mon identité de femme à de la viande à baiser, je snobais ces animaux qui ne m’envisageaient que comme un cul. Je tenais à ma fierté, je me tenais droite alors qu’ils m’imaginaient à quatre pattes. J’étais distante, insondable, inaccessible, alors qu’ils ne rêvaient que de me défoncer par tous les trous.
Mais désormais, la donne avait changé.
Certes la cause était noble : la passion amoureuse ; la fin sublime : une parfaite union entre deux êtres, mais que les moyens s’avéraient humiliants ! Obligée de m’exhiber comme une grue pour avoir l’honneur d’être choisie par le plus vigoureux des mâles. Et la concurrence était rude. Impitoyable. Ce salop, beau comme un dieu, avait l’embarras du choix.
Après moult hésitations, moult essayages, après une interminable séance de coiffure et de maquillage, reprises et retouches incessantes pour valoriser mes traits, parfumée, manucurée, bracelet au poignets et petite chaîne en argent autour du cou, je fermais la porte de mon studio et, chaloupant sur mes talons, me lançais à l’assaut de Thibaud.
Mais, à mesure que je m’approchais de son immeuble, l’envie de repartir en arrière devenait plus pressante. Je suis passée et repassée devant la porte cochère et, chaque fois, le courage fuyait, m’entraînait dans un nouveau détour, pour retarder l’échéance.
Pourtant, je devais savoir. Je ne pouvais plus reculer...
Une femme est sortie de l’immeuble. ...