L'abbaye de La Sault d'Omy. (1)
Datte: 17/01/2020,
Catégories:
Divers,
Auteur: yannlakeu, Source: Xstory
... frère devant disposer de tout. On pourrait peut-être voir à me donner un régiment si ma mère voulait bien s’entremettre auprès du Roi, à moins qu’un évêché... certains étant de fort bon rapport et utiles à la consolidation des alliances de notre famille.
La vie religieuse me faisait horreur, mais mon père m’avait bien fait comprendre que le jeune esprit indiscipliné et écervelé que j’étais devrait se plier à ses ordres.
Nous étions entourés d’une pléiade de domestiques valets et serviteurs en tout genre et d’un jeune chapelain attaché à notre maison, l’abbé Guillaume, préposé à continuer notre éducation, mais d’un ennui mortel. Je fuyais ses leçons comme la peste ce qui me valut plusieurs fois le fouet pour indiscipline.
Un soir de l’été 1765, je crois, ma vieille grand-tante, la comtesse de J*** qui habitait notre voisinage, mourut. J’ignorais que ma vie basculerait ce soir-là.
Le deuil exigeait que ma mère et l’évêque rentrassent. Mon oncle, souvent me rapportait des cadeaux et j’avais hâte de le voir.
Mais, le jour où ils arrivèrent au château, j’étais dans un hameau. L’un de nos valets, un jeune garçon de mon âge à peu près que j’avais attaché à ma personne m’avait averti qu’à tel endroit, par ces fortes chaleurs, il n’était pas rare de voir quelques filles se baigner nues. Ey on disait qu’elles n’étaient point toutes farouches.
J’avais perdu mon pucelage avec une amie que ma mère m’avait présenté lors d’un de mes rares séjours à Versailles et qui ...
... avait été désignée tout exprès pour faire mon éducation. Pour une fois je m’étais montré bon élève, appliqué, travailleur et j’avais eu soin de demander des leçons supplémentaires qu’on m’accorda de bonne grâce compte tenu de mes efforts et des talents dont on disait que la nature m’avait pourvu...
Ce soir là pourtant, nous fîmes chou blanc. Les filles nous aperçurent trop tôt et disparurent avant que nous n’ayons pu contourner le plan d’eau.
Nous retournâmes au château la queue entre les pattes.
La nuit était fort noire déjà. Une lumière brillait aux croisées du premier étage dans l’appartement de ma mère. Tout ailleurs paraissait endormi.
Je compris qu’il me faudrait être discret. L’humeur de mon père était mauvaise ces jours-ci malgré la perspective d’un nouvel héritage et il aurait fort bien pu me reprocher de n’être point là pour accueillir la Marquise et l’évêque.
Il fallait, pour joindre ma chambre, passer devant celle de ma mère... sans faire crier les lames du parquet.À mesure que je m’approchais, il me semblait qu’on y parlait et donc que je pourrais circuler sans que l’on m’entendît.
Mais alors que j’étais exactement devant la porte, j’entendis des gémissements. Ma mère pleurait-elle ? Après tout c’était possible. Mon père lui témoignait parfois une certaine rudesse qui était sans doute la raison première de ses fréquents exils parisiens.
Puis ce fut un long cri que je ne sus pas comprendre. Je crus ma mère en danger et, tout pétri d’un idéal ...