Décalage horaire - Histoires de Sexe

Décalage horaire

... ma peau, qui le pourra ?
— Tu as raison. Bon, cela dit, faisons vite ; j’aimerais bien être certain que les flics ne vont pas rappliquer d’un moment à l’autre. Que veux-tu savoir ?

J’avoue que pendant tout le vol, j’ai mentalement préparé une tapée de questions. Mais là, face à lui, je suis tellement impressionné que je ne sais plus par quoi commencer. Devant mon trouble, et certainement bien consciente de l’urgence, c’est Maud qui intervient.

— Dites-nous, capitaine : si les femmes en ont tellement fait pour vous, comment se fait-il que nous en sommes arrivées à accepter le sort qui est désormais le nôtre ?
— Parce que certaines d’entre elles aiment ça, Maud, répond-t-il avec un clin d’œil amusé. Je suis au courant de tes exploits…

Elle en rougit jusqu’aux oreilles.

— Non, plus sérieusement : bêtement. À la fin de la guerre, je vous rappelle qu’il ne restait plus qu’une centaine de millions d’hommes pour plus d’un milliard de femmes. Il fallait absolument repeupler la planète.
— Ah ? Et alors ?
— Il a été décidé d’un commun accord que toutes les femmes qui auraient plus de dix-huit ans à la date du sept avril porteraient un collier et que, pendant trois mois, elles devraient s’offrir à tous ceux qui les demanderaient. Le but était qu’elles tombent enceintes le plus vite possible.

Un sacré accroc à la dignité humaine, mais apparemment accepté par le plus grand nombre, à commencer par les principales intéressées.

— Et pourquoi trois mois ? Pourquoi pas ...

... plus ou moins ?
— Parce qu’à l’origine, il y avait un roulement. Tous les trois mois, un nouveau contingent de femmes remplaçait l’autre, et ainsi de suite.
— Ah ? Et ça a marché ?
— Pour le repeuplement, plus ou moins… Par contre, pour des raisons que j’ignore, cela a dérivé en cette sorte de foire qui perdure aujourd’hui.
— Et les autorités n’ont rien fait ?
— On ne peut pas vraiment dire ça, puisque cela ne dure plus que trois mois par an.
— Pourtant, si les autorités avaient rétabli la vérité, cette pratique n’avait plus lieu d’être…
— En effet, mais c’est ainsi.
— Et donc, vous ne savez pas pourquoi ?
— Non, mais j’ai une théorie.
— Laquelle ?
— Tu sais, l’Histoire est pleine de gens qui ont commis les pires atrocités au nom de prétendus dieux qui, s’ils existent réellement, n’ont jamais pu cautionner de tels actes.
— Et alors ?
— Il est probable qu’ils ne voulaient – et ne veulent toujours – pas prendre le risque de recréer ce genre de comportement en bousculant les usages, quels qu’ils soient. Il vaut sans doute mieux une société en paix, même basée sur le mensonge, que l’inverse. Oh, putain ! Couchez-vous !

Plusieurs coups de feu ont claqué. Le premier a atteint Aoki en pleine tête ; le second a frappé Maud au niveau du cœur. Les autres se sont contentés de trouer les bougainvillées pendant que j’avais le nez dans le gazon.

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— Pour avoir libéré une Poupée et cherché à nuire à l’ordre du monde, Jonas Gamardon, vous êtes condamné à dix ans ...