1. L'antre du diable


    Datte: 14/01/2020, Catégories: fagée, bizarre, campagne, soubrette, vengeance, jalousie, chantage, sorcelleri, policier, fantastiq, Auteur: Musea, Source: Revebebe

    Il faisait froid, très froid malgré matelas, couvertures et coussins. L’ancienne galerie de la mine de la Fayolle était humide. Cela venait sans doute de la source qui coulait à proximité du calvaire, peut-être aussi de la profondeur, Olivier Desgrange ne savait plus. Il grelottait tout en dormant, le sommeil agité de cauchemars où se mêlaient Claire, le luthier et Marthe qui hurlait des malédictions. Une lampe tempête posée à ses côtés et quelques cierges plantés çà et là entre les blocs de pierres affaissées diffusaient une lumière jaune et ondulante qui donnait à son repaire de fortune une allure de chambre mortuaire.
    
    C’est d’ailleurs la première pensée qui traversa Mariette, la femme de charge du château Desgrange, lorsqu’elle découvrit son jeune maître immobile et pâle sous trois épaisses couvertures.
    
    — On dirait presque un pharaon dans sa dernière demeure, murmura la vieille femme.
    
    Inquiète de le voir grelotter, elle s’approcha de lui et s’agenouilla, malgré les paniers volumineux qui encombraient ses mains. L’entendant respirer avec régularité, elle poussa un soupir de soulagement : Marthe Rougier ne lui avait pas menti, le jeune homme était bien vivant et, malgré le froid, en parfaite santé. Émue, elle fixa son maître avec adoration. Malgré la violence capricieuse et arrogante dont il faisait usage avec elle, le rictus hautain lorsqu’il s’adressait à elle, la femme de charge l’aimait comme un fils. C’était elle qui lui avait appris à marcher, à parler, qui ...
    ... le consolait lorsqu’il était contrarié. Et même si, par la suite, elle avait dû le partager avec Lucie Desgrange et Marthe Rougier, elle se sentait toujours sa nourrice et devant veiller à son bien-être.
    
    Le comte remua en grognant. Et, sans doute ressentant une présence près de lui, ouvrit les yeux.
    
    — Marthe ?
    — Non, Monsieur le Comte, ce n’est que moi, Marie Vialatte. Madame Rougier m’a envoyée vous porter des provisions et une mesure de bois pour faire un feu. Vous ne pouvez pas rester dans cette galerie sans un peu de chauffage.
    — C’est vrai, tu as raison. On gèle ici. Qu’attends-tu pour allumer ?
    — Ici cela ne prendrait pas, Monsieur. Il fait trop humide et vous suffoqueriez bientôt. Mais si vous… si vous voulez rester dans ces galeries, celle qui jouxte l’entrée se prêterait à un feu. Il y a un puits d’aération suffisamment large dans la première salle et son ouverture donne sur la forêt. La fumée ne se verra quasiment pas.
    — Alors allons-y. Guide-moi, je te suis.
    
    La vieille femme se dirigea vers la sortie, obliqua à gauche peu avant d’atteindre la lumière du jour et amena Olivier Desgrange à une sorte de salle, sèche et saine, partiellement éclairée par un puits de jour carré. Moins lugubre, le lieu se prêtait à un séjour sinon agréable du moins plus confortable que celui choisi au début par le jeune sorcier.
    
    Avec un sourire goguenard, perdu entre ironie et reconnaissance, Desgrange observait sa nourrice en train d’allumer les bûches du foyer improvisé ...
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