Le chopineur
Datte: 07/01/2020,
Catégories:
grp,
délire,
Humour
fantastiqu,
revebebe,
Auteur: Idéfix, Source: Revebebe
... tinte à nouveau.
Les femmes cessent leur exercice et les Frères tiennent toujours leur tunique relevée, exhibant des membres gonflés et dressés. Il y a un moment d’immobilité et de silence puis, d’une seule voix, les Frères clament en chœur la sacramentelle imprécation :
– Queue de bois, queue de fer ! Si je débande, je vais en enfer !
Alors le gong retentit trois fois, les femmes se relèvent et j’éteins les lumières, hormis les veilleuses de sécurité. Les tuniques et les derniers vêtements des Frères volent derrière eux. Chaque couple s’enlace, s’embrasse à pleine bouche, se caresse, se pelote, se branle et s’entre-branle, se suçote ou se dévore et enfin s’accouple de toutes les façons. C’est le moment de mon pire supplice : dans la pénombre je vois peu mais j’entends tout, les râles, les succions, tous les lapements et bruits divers d’une baise rapidement endiablée. Je bande comme un âne, terriblement malheureux d’être exclu de la Fête ! Je souffre autant que Saint-Antoine tenté par Satan dans le désert, mais je ne suis pas fait de la même étoffe ! Spontanément, la veuve Poignet m’empoigne et entreprend de me soulager. Bientôt j’éjacule dans un râle. Ma tension retombée, je remarque que les corps à corps sur les matelas ont redoublé d’intensité. Depuis presque un an que je suis là, voyeur obligé et attentif, c’est la première fois que je constate une telle frénésie. Il me semble maintenant que les négresses prennent le dessus, les Frères perdant peu à peu ...
... l’initiative.
Cela fait bientôt une heure que le carrousel s’est emballé et le rythme ne faiblit pas !« Qu’est-ce qu’elles ont pu avaler pour être dans un état pareil ? » Je tourne et retourne la question dans ma tête en buvant un autre verre de ti-punch quand je remarque un flottement soudain dans le manège : la grande négresse qui chevauchait le Vénérable s’est relevée ; le Vénérable quant à lui est immobile sur le matelas. Je me précipite et je vois alors le Vénérable suffoquant, la bave aux lèvres et les yeux révulsés. Avec l’authentique accent d’Aubervilliers, la grande négresse lui dit :
– Tu sais, mon Frère, tu as débandé, tu es bon pour l’enfer !
Une colère subite et l’inquiétude me saisissent et je cours rallumer les lampes. Du coup, le charivari cesse. Les Frères s’approchent du Vénérable que j’aide à se relever : hélas, il s’écroule sans connaissance entre mes bras…
Le Frère Ordonnateur des rites prend les choses en mains, m’enjoint de téléphoner au vieux médecin, ancien de la confrérie, qui habite tout près, et envoie les négresses à la douche. Pendant qu’elles y sont, il verrouille la porte de sortie afin qu’elles restent toutes là, car lui aussi flaire quelque chose de bizarre. Dans l’ensemble, les Frères sont comme sonnés et ont du mal à se tenir droits comme à reprendre leurs esprits…
Le vieux médecin arrive pour constater le décès du Vénérable : nous voilà dans de beaux draps ! Les négresses, à présent calmées, veulent partir mais nous nous y opposons. ...