Le Scot
Datte: 05/01/2020,
Catégories:
fh,
amour,
cérébral,
intermast,
historique,
Auteur: Goutte d'ambre, Source: Revebebe
... clan.
— Père, tu parles comme si tu ne devais bientôt plus être de ce monde ! Tu me fais peur !
— Saskia, l’heure est grave. Les monts forment des remparts qui nous ont longtemps protégés de nos adversaires. Mais ces Vikings surgissent du bout de la mer comme par magie et fondent sur nos rivages avec la vitesse et la férocité des aigles affamés sur leurs proies.
— Morven ?
La silhouette trapue du conseiller du chef barrait le seuil de la maison.
— Ah, Logan. Entre.
Bien que jeune, une calvitie prématurée et une mine éternellement triste vieillissaient son apparence. Morven l’invita à s’asseoir.
— Les Scots campent à l’orée du petit bois. J’ai ordonné à Deira d’aller leur porter une marmite de ragoût de mouton.
— Bien, commenta le chef. J’ai parlé au grand Scot qui les dirige. Il affirme qu’il est originaire d’un village de pêcheurs à plusieurs mois de marche d’ici. Il y a deux ans environ, alors qu’il était parti avec d’autres de la tourbe, les Barbares noirs ont attaqué les habitants et réduit le village en cendres. Ceux qui ne sont pas morts ont été emmenés comme esclaves.
Logan se passa machinalement la main sur la nuque, l’air soucieux :
— Les moines m’ont raconté une histoire similaire à la sienne : un raid des Vikings dans la région, en l’an 765, exactement à la même époque.
— Il prétend qu’en voyant les flammes qui s’emparaient des maisons, reprit Morven, il s’est caché avec ses compagnons pour échapper aux Barbares. Depuis, il remonte le Nord ...
... avec sa petite troupe d’hommes, gagnant leur subsistance en vendant leur bravoure. Penses-tu qu’il dit vrai ?
Logan prit son temps avant de répondre :
— Que le Scot puisse mentir sur sa vie de mercenaire n’est pas ce qui m’inquiète le plus.
Le chef jeta un bref coup d’œil à sa fille, qui comprit aussitôt et gagna la porte, les abandonnant à leur discussion. En quittant la pièce, elle entendit Logan continuer d’une voix angoissée :
— Quelques bras armés en sus ne sont pas suffisants contre ces diables.
Dehors, Saskia partit immédiatement à la recherche de Deira. La femme s’apprêtait à transporter la lourde marmite vers le campement des Scots.
— Attends, je vais t’aider à la soulever.
À petits pas, elles avancèrent avec leur fardeau jusqu’au bivouac de fortune dressé par les Scots en dehors du village. Elles furent accueillies par les grognements satisfaits des hommes affamés. Aidan MacMagnus était assis sur une grosse pierre, enveloppé dans le plaid qui lui servait, comme à tous, à la fois de manteau et de couverture. Saskia ne se pressait pas pour retourner au village.
— Que veux-tu ? demanda le Scot d’une voix dure en la regardant se dandiner.
— Je n’ai jamais vu d’étranger venu d’aussi loin, avoua-t-elle.
Elle mourait d’envie de lui poser toutes sortes de questions sur les nombreuses contrées qu’ils avaient dû traverser, lui et ses compagnons.
— Ta mère va s’inquiéter de ton absence prolongée, lui offrit le Scot en guise de réponse.
— Elle est ...