1. Chapitre 1


    Datte: 03/01/2020, Catégories: revede, Oral fantastiqu, Auteur: Camille_2, Source: Revebebe

    ... d’adopter de multiples formes. Lovecraft l’avait utilisé dans trois nouvelles et un poème. La jeune femme en nota les références et remonta en haut de la page pour examiner plus en détail le dessin de Jens Heimdhal qui servait d’illustration à l’article. Dans la légende inscrite sous ce dessin on pouvait lire : « Nyarlathotep sous les traits de l’Homme Noir dansLa Maison de la Sorcière, nouvelle de Howard Phillips Lovecraft. »
    
    Hana fut sidérée par la ressemblance entre le personnage représenté par l’artiste et celui du portrait accroché dans la chambre de son amie. Certes, l’apparence de ce dernier ne dégageait pas le même sentiment de menace et d’effroi : le portrait de l’Homme Noir était celui d’un être mystérieux et envoûtant, pas d’une figure de croquemitaine. Néanmoins, ce corps longiligne, drapé dans une lourde robe bleue, que surmontait une tête glabre au regard intense, était trop singulier pour qu’il ne s’agisse pas de la même personne.
    
    Se pouvait-il qu’un peintre, amateur de Lovecraft, se soit amusé à reproduire l’une de ses créations dans le style réaliste de Gérôme ? Ce genre de clin d’œil, ou de canular artistique, était après tout parfaitement envisageable et avait le mérite d’expliquer les trois initiales inscrites en bas du tableau : "NTP"… "NyarlaThoteP".
    
    Hana vida son verre et se resservit. Par acquit de conscience, elle alla jeter un œil à la bibliothèque de Cécile, mais comme elle s’en doutait ne trouva aucun recueil de nouvelles de ...
    ... Lovecraft. L’horreur début de siècle n’était pas franchement la tasse de thé de son amie. Elle décida d’aller faire un tour le lendemain à la médiathèque pour voir ce qu’elle pourrait trouver.
    
    La jeune femme continua encore un moment ses recherches et s’assura que Heimdhal, dont le reste du travail s’approchait davantage de la bande dessinée et de l’illustration de jeux de rôles, ne pouvait pas être le peintre du portrait.
    
    Lorsqu’elle reposa son verre en écrasant dans l’assiette sa huitième cigarette, elle vit combien le niveau de la bouteille avait baissé et estima qu’il était plus sage d’aller dormir. Elle éteignit la lumière et tituba jusqu’à la chambre où elle s’écroula sur le lit, non sans avoir pris la peine de retirer chaussettes et survêtement.
    
    *
    
    Une moiteur étouffante régnait dans la pièce. Hana avait instinctivement repoussé la couette vers le pied du lit. Elle était agitée, ne cessait de se tourner et se retourner dans son sommeil, murmurant des bribes de paroles ou de mots inintelligibles.
    
    Près de la commode, une ombre apparut, flottant à hauteur du portrait de l’Homme Noir. Elle commença à grandir, se densifiant comme si elle se nourrissait de l’obscurité alentour, l’aspirait tel un trou noir qui absorbe toute lumière passant dans son sillage et l’empêchant de s’échapper. Lorsqu’elle eut atteint une taille et une forme vaguement humaine, l’ombre se laissa porter vers le lit. Le sommeil d’Hana sembla soudain s’apaiser. Lentement, l’ombre glissa sur elle, ...
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