Chapitre 1
Datte: 03/01/2020,
Catégories:
revede,
Oral
fantastiqu,
Auteur: Camille_2, Source: Revebebe
... de ses paumes. Elle les porta à ses joues brûlantes, puis se pencha à nouveau pour vérifier si elle trouvait la signature de celui, ou celle, qui avait accompli ce chef-d’œuvre. Après un bref examen, elle releva près du bord droit du cadre trois initiales énigmatiques, inscrites en lettres capitales à peine visibles : "NTP".
Il lui sembla bientôt sentir un parfum qui lui rappela, en plus poivré et enivrant, celui du benjoin utilisé pour la fabrication du papier d’Arménie. La fragrance, à peine perceptible, semblait provenir de la toile. Un léger engourdissement commençait à envahir son corps et son esprit. Il se propagea le long de sa colonne, passa sur ses seins, descendit dans son ventre et alla se perdre entre ses cuisses en un picotement délicieux. Les yeux mi-clos, la tête mollement inclinée, comme une somnambule, derrière le rideau de ses longs cheveux noirs, Hana laissa échapper un profond soupir.
Rompant le charme, le téléphone se mit à sonner et vibrer dans la poche arrière de son jeans. La jeune femme redressa la tête, comme tirée de son sommeil. Reprenant ses esprits, elle saisit l’appareil. C’était Cécile. Avant de décrocher, Hana jeta encore un regard vers le tableau. Elle inspira. L’odeur s’était évanouie. Poussée par la sonnerie qui refusait de basculer sur le répondeur, Hana quitta la pièce, agacée.
La conversation téléphonique fut brève. Cécile avait profité d’une pause durant le colloque auquel elle assistait pour appeler Hana et s’assurer que ...
... son amie était bien arrivée. Une nouvelle conférence était sur le point de démarrer. Elle lui promit de rappeler dans la soirée, ou au plus tard le lendemain matin, l’embrassa et raccrocha.
Hana ne trouva donc pas le temps de l’interroger sur le tableau qui ornait désormais le mur de sa chambre. Où l’avait-elle acheté ? À qui ? S’agissait-il d’une peinture authentique ou d’une remarquable copie ? Qui était ce mystérieux "NTP" ? Et surtout, qu’est-ce qui l’avait poussée à acquérir une œuvre aussi éloignée de ses goûts picturaux ? Mais au final, cette absence de réponses ne dérangea pas Hana tant que cela. Le rapport étrange qu’elle avait noué avec le portrait de l’Homme Noir, proche, se fit-elle la remarque, de ce qu’elle avait pu lire sur le syndrome de Stendhal, la perturbait un peu. Mieux valait garder ces choses pour soi.
*
Avachie dans le grand canapé havane du salon, les pieds posés entre deux piles de magazines sur la table basse en bois brut, elle jeta un œil au-dessus de l’étagère qui supportait une impressionnante collection de vinyles, à la reproduction du tableau de Jackson Pollock qu’elle n’avait jamais appréciée. Hana se rendit compte que les entrelacs de peintures "savamment" projetés formaient désormais une masse verdâtre informe dans la pénombre. N’était-ce pas aussi le cas en plein jour ?« Never Mind the Pollocks ! » Elle se pencha pour allumer la lampe posée à côté d’elle, puis, massant ses tempes pour en chasser la fatigue, elle décréta qu’il était ...