Chapitre 1
Datte: 03/01/2020,
Catégories:
revede,
Oral
fantastiqu,
Auteur: Camille_2, Source: Revebebe
À travers le store des hautes fenêtres de l’appartement, l’Homme Noir observait la rue, trois étages plus bas. À bien y regarder, sa peau n’était pas réellement noire. Pas de façon homogène en tout cas. Elle offrait de multiples nuances, sans cesse mouvantes, d’anthracite, d’ardoise ou d’ébène.
Autour de son corps immense à la nudité statuesque qu’on aurait cru taillé dans l’obsidienne, la lumière du crépuscule sourdait des lamelles de bouleau. Par un subtil jeu de reflets sur le plancher verni, elle nimbait le salon, à la végétation luxuriante, d’un halo orangé. La tête, totalement glabre, pivota comme si l’Homme avait repéré dans le défilé incessant des passants celui ou celle qu’il attendait. Il s’attarda encore un instant, puis s’éloigna sans un bruit pour disparaître dans la pénombre de la chambre à coucher.
Une clef joua dans la serrure. Trois verrous cliquetèrent. La porte s’ouvrit sur l’appartement. Après une brève hésitation, Hana franchit le seuil. Son imposant sac de voyage lui cisaillait l’épaule depuis la gare. Elle le laissa tomber sans ménagement sur le plancher, puis referma derrière elle la lourde porte métallique. Comme elle glissait la clef dans la serrure pour éviter de l’égarer, la jeune femme crut percevoir un son étouffé qui provenait de la chambre à coucher. Elle aurait juré qu’il s’agissait du raclement singulier d’un pied marchant sur un sol couvert de gravillons.
Par acquit de conscience, Hana passa la tête dans l’embrasure de la porte. ...
... Bien que fermés, les volets laissaient filtrer assez de lumière pour constater que la pièce était vide. Elle retourna dans le vestibule, attrapa la courroie élimée de son sac et le tira au pied du lit. Estimant qu’elle aurait bien le temps de déballer ses affaires, ou pas, pendant le week-end, elle s’apprêtait à regagner le salon quand son regard tomba sur le portrait accroché au-dessus de la vieille commode en acajou.
Le tableau, bordé d’un cadre en bois mat aux moulures dorées par endroits défraîchies, mesurait environ un mètre sur cinquante ou soixante centimètres. Il figurait un homme svelte, aux muscles fins et noueux. Manifestement de très grande taille, le personnage était vêtu d’une simple robe en étoffe bleu nuit, ouverte sur le torse. En dépit de sa peau d’encre, la forme de son visage chauve et imberbe, ses traits minces et réguliers étaient clairement ceux d’un Européen. Le travail admirable de l’artiste rendait palpable la moindre parcelle de chair qui saillait sous la robe sombre du géant. Son style rappelait à Hana le réalisme cru, et non dénué d’érotisme barbare, d’un Bouguereau ou d’un Gérôme. Toutefois, davantage que la perfection photographique de la peinture, c’était la noblesse froide, émanant du regard sensuel et hypnotique de l’Homme Noir, qui fascinait Hana.
Elle posa les mains sur le plateau en marbre de la commode pour rapprocher son visage de la toile. Au contact de la pierre lisse et froide, la jeune femme prit soudain conscience de la moiteur ...