1. Julie et Mariam (1)


    Datte: 22/03/2018, Catégories: Lesbienne Auteur: ballhin, Source: Xstory

    ... un détour pour me rafraîchir s’impose.
    
    J’entre dans ce lieu intimiste réservé aux dames et me place devant un lavabo. Sans préavis, le miroir me colle une bonne claque : il me renvoie ma tête de petite brune maquillée à l’arrache ce matin, faute de temps. Ses beaux yeux bleus fatigués lui indiquent clairement d’arrêter de passer ses soirées à mater des séries pour oublier qu’elle est seule. La sueur n’arrange rien non plus.Waterproof, mon œil, oui ! Je me penche et me mouille le visage pour effacer toute trace de ces délits. Tu rêves, ma fille, c’est en pure perte !
    
    Mon entrée dans le self est un vrai bonheur tant la température y est agréable. Même si j’ai la faim au ventre, ma cible prioritaire reste ma charmante candidate. Une idée fixe gravée dans mon esprit depuis « l’incident ». Je balaye le lieu du regard. La salle d’une centaine de places est au trois quarts pleins, mais sa taille au-dessus de la moyenne constitue un atout non négligeable et il ne me faut pas longtemps pour la localiser près des baies vitrées. Je vais enfin connaître autre chose que son cou et peut-être avoir l’occasion d’étancher ma soif de réponses.
    
    — Je peux m’asseoir ? questionné-je d’une petite voix.
    
    La bouche pleine, elle lève les yeux, étonnée et acquiesce d’un mouvement de tête. Timidement, je me pose à demi sur ma chaise en essayant de rester la plus droite possible. Mon plateau avec son unique assiette de salade composée fait pâle figure comparé au sien, chargé d’un menu ...
    ... complet.
    
    — Julie Prévert.
    
    — Mariam Le Guennec, répond-elle entre deux mastications.
    
    J’ai franchi la première étape, mais à ma grande surprise, ma compagne de table retourne pourfendre à grands coups de fourchette tous aliments à sa portée. Elle met à mal mon espoir qu’elle entame la conversation la première. Un gros doute m’envahit, ai-je eu raison de m’asseoir ici ? Au premier abord, nous n’avons rien en commun. Comme d’habitude, j’ai été trop vite. J’ai laissé ce foutu instinct décider sans réfléchir une minute, victime de mon impatience chronique et de mes pulsions, me dirait Paul d’un ton sévère. Alors, maintenant autant que je me taise, cela m’évitera de passer pour une andouille. Je dois laisser les choses se faire na-tu-relle-ment.
    
    Le hic, c’est ce sentiment de déjà-vu qui me chiffonne. Nous sommes-nous croisées par le passé ? J’ai la furieuse impression que oui, mais impossible de me souvenir du lieu ni du moment. La Fac aurait été une bonne idée, si nous n’avions pas dix ans d’écart. Ou alors, en boîte ! Lors d’une de mes sorties nocturnes et dans ce cas, c’est très délicat de lui en parler, surtout si... je n’ose pas y penser, trop tard, des images de corps mêlés et de râles de plaisirs surgissent dans mon esprit, je vais encore me ruiner un string. Pourtant un physique pareil ne s’oublie pas : un nez fin, une bouche pulpeuse, des pommettes remontées, des yeux d’un noir intense et une coupe afro avec des ondulations ; le tout bien posé sur un cou fin et un corps ...