1. Le meilleur de la famille (1)


    Datte: 17/12/2019, Catégories: Erotique, Auteur: Orchidée, Source: Xstory

    ... mer.
    
    Mon père vivait donc ici ! Depuis leur divorce, il payait ma mère pour ne pas avoir à s’occuper de moi pendant la moitié des vacances comme le stipulait la décision du juge. Sa nouvelle femme devait être jeune et belle, au point d’en oublier la venue de sa fille, le comité d’accueil censé m’attendre accusait déjà une demi-heure de retard. Un journal abandonné sur le banc retint mon attention malgré la une entièrement consacrée à la démission du Premier ministre Chaban-Delmas.
    
    — Justine ? Je suis Alice.
    
    La main en guise de visière à cause du soleil, je fixai la quadragénaire sans détour afin de lui faire comprendre que je n’appréciais pas l’attente forcée. Le front haut barré d’une ride sous les cheveux châtains ondulés jusqu’aux épaules, les yeux brillants d’un bleu métallique, les narines frémissantes, la bouche aux lèvres un peu fines, étirée sur un aveu de culpabilité, l’agacement perceptible ne parvenait pas à altérer le charme à défaut de réelle beauté de la belle-mère, pas aussi jeune que supposée.
    
    — Désolée du retard, une fuite de gaz dans le quartier.
    
    Mon imitation de sourire en guise d’absolution lui rendit le sien, elle m’embrassa sur les joues avant de prendre ma valise dont la légèreté la surprit.
    
    — Tu as toute ta vie dedans ?
    
    — Quelques fringues et des affaires de toilette, je n’ai rien pris d’autre. Au moins, on ne pourra pas m’accuser de vol.
    
    — C’est si grave que ça ? Excuse-moi, tu n’as peut-être pas envie d’en discuter. On ne ...
    ... salit pas beaucoup de vêtements au Cap, nous aurons le temps de faire les boutiques.
    
    La première appréciation commandait d’accorder sa chance à Alice, je la suivis d’un pas léger en direction du parking.
    
    — Et pour mon inscription à la fac ?
    
    — Littérature à Montpellier, comme tu le souhaitais.
    
    Le pouvoir de choisir mes études, c’était déjà ça de gagné.
    
    Avec ses multiples facettes de verre inspirées de l’architecture postmoderne en vogue aux États-Unis, dont les formes et les couleurs semblaient changer selon l’exposition au soleil, la villa ressemblait à un diamant oublié sur le bord de la route de Rochelongue. Il fallait reconnaître le talent doublé d’un certain toupet à mon ingénieur de père.
    
    — Une maison pareille, ça vaut le coup de l’habiter.
    
    — Jacques n’en profite pratiquement jamais, soupira Alice en me poussant gentiment dans un salon dont l’ameublement réduit au minimum n’aurait pas rempli ma chambre à Neuilly. En revanche, je reçois beaucoup.
    
    — Papa n’est pas là, alors.
    
    La belle-mère n’eut pas à faire un gros effort pour deviner ma déception.
    
    — On le verra dimanche avec un peu de chance.
    
    Les mauvaises habitudes avaient la vie dure. J’arpentai l’immense pièce où cinquante personnes auraient pu se côtoyer sans se marcher dessus. Un parc derrière la baie vitrée attira mon attention de citadine ; au milieu de la verdure, le rectangle bleu d’une piscine me fit saliver.
    
    — Tu veux boire quelque chose ?
    
    Aussitôt retournée, ma bonne humeur ...
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