1. 0210 Balade à cheval


    Datte: 15/12/2019, Catégories: Entre-nous, Les hommes, Auteur: Fab75du31, Source: Hds

    ... celui de la ville, et celui de la montagne. Comme si l’environnement avait le pouvoir de faire ressortir l’une ou l’autre de ses personnalités. Comme si la montagne, en lui rappelant ses origines, avait le pouvoir de le rapprocher des choses importantes dont la ville aurait tendance à le détourner.
    
    Le Jérém de Campan, ce n’est plus du tout le même (petit con) qu’à Toulouse ; dans cet environnement sain et authentique, idéal pour se ressourcer – dans le sens de pouvoir revenir à ses sources et, de là, prendre un nouveau départ – mon Jérém semble s’apaiser, mûrir, assumer ses sentiments, ses envies, ses faiblesses, sa pilosité.
    
    Dans ce village loin du bruit de la ville, le « petit con » Jérém devient homme, un homme qui a encore gagné en sensualité. Jérém sur son Unico, on dirait un étalon sur un autre étalon. Qu’est-ce que je suis fou de lui, et qu’est-ce que j’ai envie de lui !
    
    Jérém termine ses recommandations et sa clope au même moment. Il redescend de cheval, il re-sangle son étalon et ma jument, il me fait un bisou, et il me balance :
    
    « Maintenant tu vas monter ! ».
    
    Soudainement, je stresse.
    
    « Déjà ? ».
    
    « Oui, sinon on va arriver au lieu du bivouac à Noël, pas à midi ! ».
    
    « Ok, ok… ».
    
    « Prends ça » fait-il, en me tendant une bombe d’équitation.
    
    « C’est ta bombe ? ».
    
    « Oui, mais je n’en ai pas besoin ».
    
    « Tous les cavaliers avaient une bombe » j’insiste.
    
    « Je préfère que tu la gardes ».
    
    « C’est rassurant… ».
    
    « Il ne va rien ...
    ... t’arriver. C’est juste au cas où ».
    
    « Et toi, tu montes sans ? ».
    
    « Je ne tombe pas, moi. Allez, dépêche ! ».
    
    J’installe la bombe sur ma tête, je serre la sangle sous le menton et je suis prêt. Et alors que Jérém tient Tequila par le licol, je passe un pied dans l’étrier, je saisis fermement les rênes et la crinière, je m’élance, je passe la jambe droite de l’autre côté de la selle. Dans un bruit de cuir froissé, je m’installe à mon poste de cavalier, et je passe le deuxième étrier. Je vis cela comme une première petite victoire.
    
    Sur le dos de Téquila, je me sens bien, la selle est grande et confortable, l’animal calme et apaisant. S’il y a un premier enseignement à tirer du fait de monter à cheval, c’est que le monde n’a pas du tout la même allure lorsqu’on prend ne serait-ce qu’un mètre de hauteur.
    
    « Comment tu te sens ? » me demande Jérém.
    
    « J’ai un peu peur, mais je me sens bien ».
    
    « Tu dois te mettre à l’écoute de ta jument, tu dois arriver à lui faire confiance, à faire un seul avec elle ».
    
    « Facile à dire ».
    
    « Je vais te montrer ».
    
    J’ai un peu peur, certes, mais l’impatience de découvrir le monde du cheval avec mon Jérém est plus forte que la peur. Jérém remonte sur son étalon.
    
    « Vas-y, fais-la marcher ».
    
    « Et comment ? ».
    
    « T’as pas écouté ce que je t’ai dit ? ».
    
    « Non, j’étais trop occupé à te mater ».
    
    « Pffffff… allez, met un petit coup de talon dans son ventre et dis-lui : Marcher ! ».
    
    « Marcher… Marcher… Marcher… ...
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