1. Le manoir


    Datte: 23/11/2019, Catégories: Première fois Auteur: IDAELLE, Source: xHamster

    ... ma minorité.
    
    Tout était bon. Avidement, je me nourrissais, une expo de peinture pouvait déclencher en moi de nouvelles pensées, je picorais comme une pie et nidifiais mes rêveries dans lesquelles je me lovais le corps.
    
    J'ai remisé la simple porte, pour faire mienne celle du collège, lourde, épaisse, taboue, derrière laquelle s'isolaient les professeurs pour nous corriger.
    
    Le manoir devint un décor évident, une pièce maîtresse, aux alentours de mes quinze ans. Il était niché au cœur d'une forêt sombre, un isolement propice à l'expression de tous les vices.
    
    La porte tenait toujours une place centrale mais, devenu propriétaire de ce manoir imaginaire, mon esprit se devait de l'investir pour jouir pleinement de ses vastes espaces.
    
    Je ne me contentais plus d'attendre, il me fallait me déplacer, arpenter un long couloir, parvenir jusqu'au seuil, avec les ventricules battant à chaque pas, comme la peau d'un tambour martelant l'effort des forçats.
    
    Frileuse, même dans mes oniriques visions, je m'aménageais d'épais et chauds tapis que foulaient mes pieds nus, pour traverser l'interminable corridor.
    
    Les murs ne pouvaient être ternes. Aussi les habillais-je au fil du temps, de peintures d'abord, de photos ensuite avec une préférence pour celles d'une époque lointaine, en sépia où de belles anonymes, ces filles que l'on nommait pudiquement horizontales,
    
    vêtues, lorsqu'elles l'étaient, de dentelles transparentes, de longs colliers de perles frottant leurs peaux ...
    ... blanches.
    
    Il me fallait être baignée dans une ambiance lourde de mystères et angoissante à souhait. Sans cela, je ne pouvais frissonner et tendre mes muscles pour frotter l'une à l'autre mes cuisses.
    
    Les personnages eux aussi évoluèrent. Je pouvais désormais reconnaître ces ombres qui léchaient du regard ma nudité offerte des débuts, celui qui posa sa main sur la fine bretelle de ma robe d'été, la même que j'avais acquise en Espagne, lorsque j'étais allée au pain.
    
    Et ce professeur, proche de la retraite, que les autres filles, en gloussant bêtement, surnommaient le pervers. Cela ne freinait pas leur doigt levé pour aller au tableau, bien au contraire : ainsi à force d'afficher leurs volumes et tout un arsenal de minauderies, elles parvenaient à obtenir mille indulgences lors des contrôles écrits ou oraux.
    
    Moi, invisible à ses yeux , je devais me contenter de réviser sans relâche, pour obtenir ce que leurs robes ajourées et leurs jeans remplis en un éclair réussissaient.
    
    Bienvenue au manoir, Monsieur Lacour, voyez comme les fauteuils y sont confortables...
    
    Le boucher lui aussi en devint locataire, ses yeux puant le vice lorsqu'il servait une femme en âge d'être belle. Je le revois décrochant les quartiers de viandes de leurs crocs métalliques, découper les chairs rouges, tout en lorgnant ses femelles clientes.
    
    Comment faisait il pour ne pas se trancher les doigts avec la lame effilée ?
    
    Vous aussi, monsieur, prenez place et attendez-moi.
    
    Ces ouvriers, ...