1. Le manoir


    Datte: 23/11/2019, Catégories: Première fois Auteur: IDAELLE, Source: xHamster

    Le manoir
    
    Une maille à l'envers, l'autre à l'endroit.
    
    Nuits après nuit, de ruissèlements en ruissèlements, mon sillon devint fertile comme le Nil nourricier.
    
    Lorsque se fermaient mes yeux, que mes doigts attendaient avec fébrilité que l'écran s'allume, très vite des images, une ambiance, devinrent mes compagnes de plaisirs.
    
    À l'origine ce fantasme avait peu d'allure, était plutôt austère. J'avais l'excuse de la jeunesse qui faute de moyen se loge dans de petits espaces et se meuble de peu.
    
    Je me contentais d'un rien, une simple porte derrière laquelle, totalement nue, j'attendais que l'on m'appelle pour me présenter face à une sorte jury examinateur composé essentiellement de vieux messieurs endimanchés.
    
    C'était toujours ainsi : franchir le seuil symbolique d'une porte suffisait amplement pour que jouissance vienne.
    
    La petite souillon, ma face cachée, pouvait alors, comme Alice franchissant le miroir, exprimer sa nature sombre.
    
    Quand je me glissais dans mon lit et que sous les draps je mettais en branle mon esprit vagabond, je frémissais à l'idée de pousser cet huis et me précipiter dans les tourments de l'abandon.
    
    Les mois passèrent, la porte ne suffisait plus, il fallait des murs, un décor plus consistant. La nature est comme ma vulve, elle a horreur du vide.
    
    Doucement, j'étoffais le scénario, mon corps réclamait davantage de charbon pour que ma chaudière chauffe et que s'emballe le roulis de mes phalanges.
    
    Mon esprit carnassier battait la ...
    ... campagne, tout lui était bon : carcasses de mémoire, lecture de romans, films, visite dans des musées, ce vieil homme qui me frôla l'épaule nue dans la boulangerie, cette cave où nous descendions avec une amie pour y chercher des boissons et l'odeur de la pierre. Jamais je n'étais rassasiée.
    
    Jamais !
    
    J'étais une spectatrice assidue de la cinémathèque, l'un de mes terrains de chasse favori.
    
    Je me souviendrai toujours d'images chocs : Belle de jour et ce couloir où l'actrice suivait un valet, nue sous un voile de tulle noire.
    
    Rosemary's baby, Mia Farrow descendant les marches pour aller s'allonger et s'offrir à la bête, sous d'anonymes et attentifs regards, tapis dans l'ombre.
    
    Chaque roman était source d'inspiration, j'étais une assidue de la bibliothèque.
    
    Qui aurait pu imaginer que, derrière ma candide apparence et sous mes jupes si sages, lorsque je saisissais des romans, il s'agissait de branches mortes que j'emportais dans ma chambre pastel, pour une fois allongée, entretenir le feu sacré de la luxure.
    
    À force d'en arpenter les rayons, j'en connaissais les moindres recoins. Il y avait cet espace, celui des adultes. Du coin de l'œil je lorgnais ces couvertures sans pouvoir m'en saisir. C'était un rituel, mon chemin de ronde. Je flânais, du moins on aurait pu le croire, et passais au moins une fois devant, je pouvais dire si un roman manquait à l'appel et avait été emprunté.
    
    Mais j'étais jeune , desservie par un physique qui ne laissait aucun doute sur ...
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