1. Mes femmes


    Datte: 23/11/2019, Catégories: collection, nonéro, Humour consoler, Auteur: Bozo, Source: Revebebe

    ... endroits magnifiques où on s’est laissé dorer nus. On a fait des expériences qu’on n’imaginait même pas. Et même après plus d’un an de mariage, on continuait à être complices comme aux premiers instants.
    
    Quatre ans. Quatre ans intenses, jusqu’à cette putain de bagnole. Un gros con dans un 4x4 géant qui traversait la ville à toute allure. Et boum ! Au moins, elle a pas souffert.
    
    Là, j’ai sérieusement peiné. Cette fois, je me suis même pendu. Enfin, non, pas pendu, parce que je suis un lâche, mais j’ai bouffé des médocs avec du whisky ; je pensais pourtant qu’y avait la dose, mais faut croire que non. Je pense que si, en fait, mais c’est encore ma mère qui m’a retrouvé avant. Faut dire qu’elle voyait bien que j’étais vraiment mal et elle passait me voir tous les jours. Plusieurs fois par jour, même, des fois. Même quand j’étais à l’hôpital, après.
    
    J’en ai vu, des toubibs. Et puis des psys, après. Pas des psychologues, non, des psychiatres, et des bien armés, pour les cas lourds. Y en a quelques-uns qu’étaient encore plus à plaindre que moi, d’ailleurs. Y en a même un qui m’a conseillé d’aller à l’église.
    
    Une fois, ça m’a fait du bien et du mal à la fois, j’ai eu la visite de Pauline, celle qu’était moche avec des copines gothiques. Elle avait toujours son charme à me nouer le ventre, mais elle avait deux enfants, maintenant. Mais d’un côté, c’était chouette. J’avais l’impression de la redécouvrir. Et puis elle avait sa peine à épancher, elle ...
    ... aussi, avec son mari qui passait plus de temps au troquet qu’en famille.
    
    Elle est revenue plusieurs fois. C’est peut-être un peu grâce à elle que j’ai fini par aller mieux.
    
    Elle m’a présenté ses enfants, mais ça m’a foutu les boules. Sans doute parce que j’ai réalisé que finalement j’avais pas foutu grand-chose de ma vie. Toutes mes aventures s’étaient terminées en désastre, et à presque quarante ans, je sortais de l’hp avec aucun objectif.
    
    Mais Pauline était toujours là ; on s’épaulait mutuellement. En tout bien tout honneur. Enfin, surtout au début. Après, elle a craqué un peu. Moi, c’était plus fort que moi, quand elle s’effondrait en pleurs sur mon épaule, qu’elle se serrait contre moi. Et puis elle avait toujours ces yeux qui pétillaient, même quand elle était triste. Et puis, y avait plus ses copines gothiques…
    
    Son mec a quand même fini par vouloir me péter la gueule. Mais d’abord, sans doute pour s’entraîner, il a commencé par cogner sur elle. Quel connard ! Les flics ont pas été durs à convaincre, quand ils ont vu l’état de Pauline, à l’hosto. Et puis son divorce a été assez rapide, après.
    
    Et enfin, je suis à nouveau heureux. On s’est pas marié, mais on peut très bien vivre sans se marier. Et puis, les enfants sont pas les miens, mais je les aime aussi. On est allé s’installer en Ardèche. Les enfants ont un peu râlé, surtout la grande, qu’avait pas trop envie d’aller s’enterrer dans un trou paumé.
    
    Mais c’est calme, ici, j’aime bien… 
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