1. Vingt et un ans après (2)


    Datte: 13/11/2019, Catégories: Erotique, Auteur: gg18120, Source: Xstory

    ... ressemblait en rien à ce qu’elle est devenue. C’est l’ancienne ferme de mes grands-parents. J’en ai hérité et mon ex-mari appréciait d’y venir pour chasser. Comme vous voyez, les terres sont retournées à la friche depuis longtemps. Les bois ont poussé. J’ai toujours aimé cet endroit. Je m’y suis toujours sentie chez moi. La ville ne m’a jamais vraiment plu. Je ne pourrais vraiment pas habiter Paris comme vous. A chaque fois que je mets les pieds chez mon galeriste, je n’ai que l’envie de repartir au plus vite. Ce n’est pas moi qui m’éternise aux vernissages d’expositions.
    
    — Et ce galeriste ?
    
    — Quoi ?
    
    — Il pourrait être le corbeau ?
    
    L’hypothèse stupéfia Fabienne. Elle en rit.
    
    — Je ne vois vraiment pas pourquoi il me menacerait. Je produis suffisamment pour que notre association lui soit tout aussi profitable qu’à moi.
    
    — Tu as toujours travaillé avec lui ?
    
    — Depuis le début, oui. Il s’occupe de beaucoup de choses. Il me conseille, expose ce qu’il appelle «mes œuvres », négocie les prix et les fait régulièrement monter. Sans Antoine, je n’aurais même jamais envisagé de proposer à la vente mes premières créations. J’ai été stupéfaite des prix qu’il m’en a obtenus. Il gère au mieux ma carrière et l’identité que je me suis créée.
    
    — Quelle identité ?
    
    — Je travaille sous un pseudonyme. Pour les acheteurs et les critiques, Fabienne Lafaix n’existe pas. J’ai adopté le nom de mon grand-père. Il était polonais, ce qui permet à Antoine d’imaginer à mes ...
    ... créations toutes sortes d’intitulés bizarres, mais apparemment vendeurs. En arrivant à l’atelier, vous avez dû voir un moteur de tracteur posé sur un cadre métallique et entouré de chaînes.
    
    — Oui. Je me suis demandé de quoi il s’agissait.
    
    — Antoine a baptisé ce truc «T34 obsession ». Il est certain de le vendre une fortune. Mon anonymat est préservé et j’arrive à vivre de mon activité bien mieux que je ne l’ai jamais souhaité. Tout va bien de ce côté-là.
    
    — Donc, si je comprends bien, l’auteur de ces lettres n’aurait aucun lien avec tes activités professionnelles ?
    
    — J’en suis persuadée.
    
    Je bus quelques gorgées de mon excellent whisky tout en réfléchissant à ce que Fabienne venait de dire. Ses certitudes me semblaient plausibles et la piste locale s’imposer. Je me promis néanmoins de faire quelques vérifications et m’apprêtais à poser une nouvelle série de questions quand j’entendis Fran, redevenue détendue et volubile, me devancer. Elle demanda à Fabienne le nom polonais sous lequel elle était connue, celui de son galeriste, du peintre, de l’écrivain, de Yann et du pilier de bistrots ainsi que leurs adresses. De sa grande écriture cursive, elle nota tous les renseignements sur le bloc qu’elle venait de sortir de son sac et ajouta quelques-uns des signes cabalistiques qu’elle utilisait.
    
    — Ces personnes sont au courant des raisons de notre présence ? demandais-je à Fabienne.
    
    — Bien sûr ! Je ne leur ai rien caché. Nous en discutons souvent et à chaque fois qu’une ...
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