Le voleur d'âmes
Datte: 13/11/2019,
Catégories:
nonéro,
Auteur: Lilas, Source: Revebebe
... face de cet homme et être obligée de soutenir une conversation avec lui, tout en étant contrainte de passer sous le grill de son regard, était une chose tellement insupportable ! Elle ignorait elle-même pourquoi la présence de cet inconnu à la taille imposante la rendait si nerveuse…
– Je vous demande une fois de plus de m’excuser, dit-elle d’une voix mortifiée. Je vous assure que je ne me vexe pas aussi facilement d’habitude.
Il émit un grognement pas très convaincu, mais se contenta de finir son café d’une gorgée rapide.
– LesVitres ardentes sont mon dernier roman. Avec votre projet, et celui d’un autre client, je ne compte pas sortir plus de livre en plus cette année.Notre travail (et sur ces mots, il lança un regard appuyé à Liana) ne s’achèvera pas avant la fin de l’année, je le crains. C’est à peine si j’aurai le temps de boucler mon deuxième client. Si vous savez compter, vous vous apercevrez vite que je ne publie jamais plus de trois livres par an. Deux, c’est déjà une bonne moyenne.
– On m’avait parlé de quatre livres par an.
– Peut-être est-ce arrivé une seule fois. Beaucoup de facteurs rentrent en compte. Comme dans toute production individuelle, il y a des critères qui varient continuellement. Vous devriez savoir ça.
– Oui. Dites-moi, en quoi consiste vraiment votre travail ?
Il se racla la gorge et s’appuya contre le dossier de la chaise, les bras croisés sur sa poitrine. Ses yeux bruns, acérés, vrillaient le regard pâle de Liana ; elle ...
... ne savait plus où se mettre.
– J’écoute la personne en face de moi, commença-t-il d’une voix grave. Trois séances suffisent généralement pour me faire une première idée de ce qu’elle me propose. Cinq de plus sont consacrées aux détails, que je couche sur le papier. Ensuite, je commence ce que j’appelle le travail de « fond ».
– C’est-à-dire ? insista Liana avec curiosité.
– Je recoupe les renseignements. Je vais à la bibliothèque, j’étudie la presse locale pour déterminer le bien-fondé de mes informations. Souvent, je me déplace dans d’autres villes, d’autres régions, et même parfois, d’autres pays. Tous les frais sont évidemment à ma charge. J’interroge des gens, je vérifie certaines données, pour être persuadé qu’on ne me raconte pas de bobards. J’écoute aussi, quand j’en ai l’occasion, plusieurs versions sur les circonstances des évènements que l’on m’a racontés, pour ne pas m’en tenir seulement au témoignage subjectif de mon client. Ce travail est long, précis, et difficile. Plusieurs mois de recherche me sont souvent nécessaires.
– Oh, je vois. Et une fois qu’il est terminé, que faites-vous ?
– Je rencontre à nouveau mon client, plusieurs fois. Le nombre de ces rencontres dépend de beaucoup de choses. Ensuite, j’attaque le travail de « mise en forme ». En gros, je rédige.
– C’est difficile, ça aussi ?
– Non. C’est le plus facile, j’adore arriver à ce stade de ma tâche. Une fois que j’ai ordonné tous les renseignements, que je les ai triés, classés, ...