Voyage de noces - Histoires de Sexe

Voyage de noces

... qu’il n’y avait que ce fameux Michau.
— Mais non, mon amour, il y avait Rafik le lutteur. Il était là avec son amie Fairouz, tu ne te souviens pas ? Ils étaient avec nous à table quand tu es parti. En fait, ils m’avaient promis tous les trois une soirée de plaisirs orientaux, mais ils attendaient ton accord. Avant de m’embrasser sur la piste, Michau m’a dit que c’était un code entre vous. Que si tu partais, tu nous accordais cette soirée et que si tu intervenais, ce serait le signe de ton refus. Je me donnais à fond dans ce baiser pour que tu n’aies aucun doute sur la suite. Tu t’es levé, je te surveillais, tu as hésité et, à ma grande surprise, tu es parti, je t’admirais.

Le serveur nous dépose les desserts. Cette fois elle est dans ses pensées, est-elle vraiment perturbée ou joue-t-elle la comédie comme je le pense ? Je suis un peu déstabilisé par son attitude, je ne suis plus sûr de rien. Elle ne remarque même pas que sa glace à la banane est curieusement disposée, ce qui n’arrive jamais ici. C’est plus qu’une allusion sexuelle, c’est une provocation indécente pour une brasserie de renom. Le serveur, peut-être vexé par l’indifférence nouvelle de Zaïa, se permet de nous dire que la deuxième salle est nettoyée, qu’il est seul dans le restaurant et qu’il va fermer d’une minute à l’autre :

— Je vous remercie de terminer votre repas !

Ma chérie, elle poursuit son récit, d’une voix plus hésitante.

— Tu sais, mon amour, je t’assure que je pensais que tu étais ...

... d’accord. Ce que tu me dis ce soir me fait comprendre qu’ils m’ont manipulée et que je t’ai trahie, sans le vouloir, pendant notre voyage de noces. Je ne suis pas certaine de poursuivre mon récit, tu pourrais ne pas aimer.
— Tu joues merveilleusement la comédie, ma belle aimée. Emmène-moi dans ton monde imaginaire, tu m’excites.
— Monde imaginaire ? Tu l’auras voulu…
— Ton histoire est belle, sensuelle et forte. Tu as vraiment des talents conteuses, d’ailleurs ta glace à fondu. Encore une fois, je sais que tu inventes tout cela. Tu m’as offert tes fesses il y a bien longtemps.
— Oui, mon chéri, après l’accident de Michau, seulement après son accident.

Elle me laisse avec mes interrogations, ma surprise, regarde sa banane qui nage dans la glace fondue, commence à manger et me demande :

— Tu ne manges pas ton dessert ?
— Je vais en profiter, de mon dessert, patiente un peu. Si je comprends bien tes fantasmes, tu rêves de plusieurs hommes, de te faire prendre par un inconnu au cinéma, de rompre tes soi-disant exclusivités ?
— Oui, mon amour, tu as raison.

Elle mange un peu de banane et reprend.

— J’ai menti pour le cinéma le salaud a bien tenté « d’enculer une salope qui suce en public » comme il m’a dit, il m’a plaquée contre le lavabo alors que je rajustais mon rouge à lèvres. Je lui ai dit « plus tard, suis-nous », pour m’en débarrasser sans faire de scandale. La suite, tu la connais. Le reste, c’est la vérité.

Je suis songeur :

— Oui, mon amour…

Mais oui ...