1. La nouvelle Cendrillon


    Datte: 18/03/2018, Catégories: fh, amour, nostalgie, Auteur: Café-clope, Source: Revebebe

    ... dis qu’elle pourrait rester, si je trouvais les mots, si je trouvais les gestes. Si j’ouvrais seulement la bouche pour lui dire « reste ». Mais je me ravise vite, et je comprends qu’elle n’est que désolée de me voir crever de ce faux espoir que j’engraisse, et qu’involontairement, elle a, elle aussi, laissé croître.
    
    Elle passe sa main dans ses cheveux et se penche.
    
    Encore sa bouche, sa langue. Baiser langoureux. Le même qu’hier, devant la porte d’entrée. Non, plus lent. Pas un baiser d’ouverture, mais de clôture. La chorégraphie de nos langues est des plus réglées. Comme si nous nous connaissions depuis longtemps. J’ai une sorte de boule dans la gorge. Lorsque le dernier contact entre nos lèvres est rompu, le froid, à l’intérieur, revient s’installer. Elle passe une dernière fois sa main dans mes cheveux en plantant ses yeux dans les miens. Que puis-je y lire ? Je ne saurais dire. Tout et son contraire, certainement.
    
    Lorsqu’elle claque la porte, ses derniers mots résonnent dans ma tête.
    
    — Merci pour tout. Sincèrement.
    
    Sur le rebord de la fenêtre, une cigarette qui est tombée de son paquet. Bah, ça ne sera jamais que la deuxième. La deuxième en quelques minutes après plusieurs mois d’abstinence. Du feu… j’ai toujours du feu, dans ...
    ... mon pantalon, pour dépanner les copains. Je fais mes poches. « Je sais, c’est moche », entendait-on dans une chanson. Clic, clic : la flamme jaillit, et c’est parti pour un second voyage chez Monsieur Jean Nicot. Je me rassieds, exactement là où je me trouvais un instant plus tôt, au rebord du lit. Je contemple la chambre. Je revois chaque endroit, chaque geste accompli. Je sens encore le contact de sa peau sur la mienne, centimètre carré après centimètre carré. Dans la lourde odeur d’amour qui flotte encore, je distingue son parfum. Quelque chose de discret et marin. Qui laisse une empreinte, même après avoir disparu. C’est presque imperceptible. Puis mon regard tombe sur le sol. Entre mes pieds, entortillé, son string, qu’elle n’a pas remis. Oubli ?
    
    Après tout, qu’est-ce qu’on en a à foutre ? Je passe de longues minutes à contempler le petit bout de tissu en vrac, même après avoir éteint ma cigarette. De longues minutes à l’imaginer nue sous sa jupe. Ça aurait pu être « pour moi », mais ce n’est que son naturel. Désinvolture. Elle ne se souvient peut-être déjà plus de mon prénom. L’image finit par se troubler. Mon corps est traversé de soubresauts.
    
    Le barrage a sauté.
    
    Il faudra que je pense à aller acheter un paquet, tout à l’heure. 
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