La nouvelle Cendrillon
Datte: 18/03/2018,
Catégories:
fh,
amour,
nostalgie,
Auteur: Café-clope, Source: Revebebe
... une. Tiens, c’est le sien…
Je suis con, ça fait six mois que j’ai arrêté.
Excellente occasion pour arrêter d’arrêter. Je me redresse. Quitte à se prendre une cuisante défaite, autant se la prendre debout. Elle n’est pas dupe de mon soudain et incompréhensible détachement. C’est vrai, miss, c’est vrai. Tu as raison. Ce n’est pas QUE du rock’n roll. En tout cas, pas pour moi.
Mais que veux-tu ? J’ai joué avec le feu, et je m’en mords les doigts. C’est toi, le feu. L’incendie de forêt, l’éruption volcanique. J’ai joué et j’ai perdu.
Ça fait mal quand même.
Allez, miss, un mot, juste un petit mot de compassion. Un signe. Un soupçon d’humanité. Même pas une porte entrouverte, juste une lumière qui passe en dessous.
— On était là pour se faire du bien, tu te souviens ? Là, je suis déjà en train de te faire du mal. Je devrais être partie.
Pour jouer mon grand seigneur, je pose ma main sur son avant-bras en souriant. J’ouvre la bouche pour lui expliquer qu’elle n’a pas à culpabiliser. Mais qui croit un instant à cette idée ? Elle dégage son bras, et sa bouche articule un « non » sans émettre le moindre son. Imperceptiblement, nos corps se sont espacés. Elle me fuit et je la poursuis. Ou l’inverse, nul ne le sait. Deux points rouges se baladent dans la pénombre. Les restes de l’incendie de cette nuit ? Ça me fait soudain songer à cet article deScience et Vie où ils disaient que certaines étoiles moribondes deviennent minuscules et rouges…
Je glisse un dernier ...
... regard sur elle.
— Tu prends un truc avant de partir ? Thé ? Café ?
Elle secoue la tête négativement, en soufflant la fumée de sa moue la plus charmeuse.
J’insiste :
— Tu sais, j’ai le temps, pendant que tu prendras ta douche.
Elle tapote sa cigarette pour en faire tomber la cendre, avant de me lancer son regard délicatement hautain.
— Je ferai tout ça chez moi. Passe-moi le cendar, s’il te plaît.
Je lui tends le monticule de mégots, interdit.
Cette fois-ci, le navire quitte le port, et ne reviendra plus.
C’était le contrat.
Elle se rhabille à la va-vite, toujours en silence. Avec la clarté et la lumière de l’enseigne de la pharmacie d’en bas, j’en profite pour l’observer une dernière fois à la dérobée. Je n’ai jamais possédé un pareil corps. Si doux, si plaisant, gorgé de plaisirs à partager. La parenthèse se ferme à mesure que l’odeur de cigarette se dissipe.
Le bruit mal aiguisé de ses vêtements tranche le silence en crissant. Pas un mot échangé. Je me rends compte alors que ça fait plusieurs minutes que je suis assis sur mon lit, nu et abattu, recourbé sur moi-même. J’entends à peine le bruit de ses talons qui claquent sur le sol autour de moi, alors qu’elle réunit ses dernières affaires.
Le soudain silence m’interpelle. Je relève les yeux.
Elle me domine, pourtant, ses bras sont ballants, et son regard un peu triste. Elle semble désolée. Son assurance montre une brèche, on dirait. L’espace d’un instant, d’un minuscule espoir, je me ...