1. L'évasion


    Datte: 28/10/2019, Catégories: Oral Humour sf, Auteur: Gufti Shank, Source: Revebebe

    ... quelque chose.
    
    J’obtempérai et il me conduisit le long de plusieurs petits couloirs jusqu’à un vaste bureau où une dizaine de flics, hommes et femmes, étaient plus ou moins occupés à regarder une téloche.
    
    — C’est lui ? fit l’un d’eux en me toisant avec mépris.
    
    Je bâillai ostensiblement en guise de réponse. L’obscurité derrière la fenêtre me confirma que c’était tout au plus le milieu de la nuit. Je cherchai des yeux une pendule ou un réveil, mais ne vis rien.
    
    — Regardez ça ! me fit Petitbœuf en désignant le poste.
    
    La première chose que je vis fut l’heure en bas à droite de l’écran. Quatre heures seize. Je me concentrai ensuite sur ce qui était diffusé. Ça ressemblait à un flash d’informations. Une brave journaliste était en train d’expliquer que la situation était déjà catastrophique en montrant derrière elle plusieurs groupes de Juliettes, d’Éloïses et de Guftis qui copulaient.
    
    — Mouais, commençai-je, pas la peine de me tirer du pieu p…
    
    Mais je m’interrompis soudain lorsque le caméraman fit un zoom arrière et dévoila au dernier plan la Tour Eiffel.
    
    — C’est Paris ! fis-je bêtement.
    — Bravo, quelle culture ! rétorqua Petitbœuf, cynique.
    
    J’avisai une chaise libre et m’y assis en soupirant. Là, ça dépassait mes pires craintes. Je pensais que ces conneries allaient se limiter à la ville.
    
    — Et il y en a dans tout le pays ? demandai-je, amer.
    
    Plusieurs policiers acquiescèrent. L’un d’entre eux me considéra avec ce qui me parut de la pitié :
    
    — ...
    ... Je vous plains, monsieur Shank.
    — Tu parles, rétorqua un autre, faut pas le plaindre, ce con ! Il aurait pu réfléchir un peu avant de jouer au sorcier du cul !
    — Tu crois que tu serais resté de marbre devant deux nanas comme ça, toi ? fit un troisième.
    
    Et ce fut bientôt un brouhaha général. Tous m’observaient ou me désignaient ou parlaient de moi comme d’une bête de foire. J’eus même un sursaut d’inquiétude en croisant le regard d’une des femmes, qui paraissait particulièrement enthousiaste à mon égard. Mais finalement, je bâillai de nouveau. J’étais vraiment crevé, en fait, épuisé physiquement et moralement.
    
    — Bon, salut, je vais me recoucher, fis-je en me relevant.
    
    Ils s’interrompirent tous presque instantanément en me voyant vouloir partir. Évidemment aucun n’avait entendu ce que j’avais dit. Petitbœuf m’attrapa le bras :
    
    — Eh là ! Où allez-vous ?
    — Au pieu ? Vous voulez venir ?
    
    Il y eut plusieurs rires derrière lui. Un éclair de furie passa dans ses yeux. Je m’attendis à prendre une châtaigne. Mais il sut se contrôler et se contenta de serrer au maximum sa main autour de mon bras.
    
    — Moi je veux bien venir ! fit, amusée, la femme enthousiaste en me dévorant des yeux.
    
    Des sifflets, hurlements et autres rires gras fusèrent encore. Je tournai les talons à toute cette fine équipe et Petitbœuf, accoté d’un autre, me raccompagna à travers les couloirs.
    
    — Je vous pèterais volontiers la gueule, me dit-il placidement, chemin faisant.
    
    Je levai les yeux ...
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