L'évasion
Datte: 28/10/2019,
Catégories:
Oral
Humour
sf,
Auteur: Gufti Shank, Source: Revebebe
... pas à débarquer chez moi et m’emmènent au commissariat central pour "m’interroger".
— Je vous ai dit tout ce que je sais, monsieur le commissaire.
Le chef de la police me regardait, cherchant à deviner si je lui cachais des informations. L’officier Petitbœuf, l’homme qui m’avait arrêté, repoussa son stylo et son carnet et leva les bras au ciel en s’écriant :
— Eh ben, on n’est pas dans la merde !
Je leur avais effectivement tout raconté. Enfin, presque tout. Je n’avais menti que sur deux sujets : l’assassinat du toubib et le fait qu’Éloïse et Juliette, les vraies, les originales, étaient toujours chez moi (où j’espérais que Raoul les gardait à l’abri). Pour les flics, nous avions quitté le docteur Robert Shank en pleine santé, mais affolé et enragé, et mes deux extra-terrestres m’avaient abandonné vers le milieu de l’après-midi, sans que je puisse les retenir.
— Je suis désolé, monsieur Shank, déclara finalement le commissaire Barbaud, mais nous allons devoir vous maintenir ici en détention.
— Hein ? fis-je. Mais pourquoi ? De quoi m’accuse-t-on ?
— Eh bien, d’une part, vous êtes suspect en ce qui concerne la disparition du docteur Shank…
— Ou peut-être le meurtre du docteur Shank ! avisa Petitbœuf.
— Mais vous rigolez ! fis-je. Vingt-quatre heures d’absence, c’est pas une disparition, ça ! Il est sans doute allé boire un coup avec d’autres aliens…
— Et d’autre part, poursuivit Barbaud, imperturbable, vous êtes, de façon évidente, à l’origine de la ...
... profusion de ces clones qui troublent la ville.
— Ouais, et puis, troubler, le mot est faible ! ajouta l’autre.
Je les observai, inquiet et réfléchissant, puis m’emportai :
— Je vous défie de trouver un article de n’importe quel code de lois que j’aurais enfreint depuis hier soir.
— Atteintes à la pudeur, troubles de l’ordre public, outrages divers, refus d’obtempérer… vous en voulez d’autres ?
— Mais c’est pas moi, bordel ! C’est tous ces… ces clones, là !
— Vous inquiétez pas, Shank, fit Petitbœuf d’un air satisfait. Pour vous, on pourra bien ajouter quelques articles au pénal…
Ils se levèrent et le commissaire me fit signe de suivre l’officier. Je n’avais plus ni la force ni l’envie de contester ni même de réagir. Je me laissai conduire jusqu’à une toute petite pièce sans fenêtre dans laquelle Petitbœuf me fit entrer et dont il ferma la porte à clef derrière moi sans un mot. J’observai rapidement la cellule. Il n’y avait en tout et pour tout qu’un pauvre plumard, un minuscule lavabo et une chiotte minable. Parfait, eh bien j’allais commencer par chier, et puis ensuite j’irais dormir. De toute façon, je n’avais que ça à foutre…
* * * * *
— Shank ! Réveillez-vous !
Des coups sourds frappés contre la porte ouverte de ma cellule achevèrent de m’éveiller. J’ouvris les yeux. C’était Petitbœuf. Je me frottai les paupières.
— Quelle heure il est ? demandai-je d’une voix embuée.
— On s’en fout de l’heure qu’il est ! Levez-vous et suivez-moi, je vais vous montrer ...