Liselle, baronne des Grieux
Datte: 27/10/2019,
Catégories:
fh,
hplusag,
inconnu,
amour,
contrainte,
pénétratio,
fdanus,
historique,
Auteur: Alain Allain, Source: Revebebe
... Bruneville l’avait-elle trahie ? Vendue ? Les yeux en braise, la main haute, de toute sa force, elle gifla le géant :
— Goujat ! hurla-t-elle, les larmes au bord des yeux.
Robin Morel ne broncha pas. Il était campé comme une stèle de granit, grave, le regard tourné vers la plaine. Liselle voulut voir ce qu’il regardait et, se massant le poignet, se figea à son côté. Dans les voiles de pluie, on distinguait des volutes de fumée s’élever pour former un énorme champignon anthracite. C’était le château des Grieux qui montait au ciel. Dans la cour, deux autres foyers bravaient la pluie : la chapelle des noces et, à l’écart, le landaulet avec ses valises pour Rouen. Comme des cancrelats ivres, des petits bonshommes, couraient en tous sens. On entendait leurs cris. La baronne des Grieux, dans son évanouissement, fut secourue par un bras de fer. Vulcain observa son maître soulever la proie inerte et la tenir dans ses bras. Il la détaillait, il hésitait. Enfin, de son large tricorne, il couvrit le buste exposé au déluge glacé et, le fardeau porté comme une offrande, s’engagea sur le chemin du manoir.
— Tsk, tsk, allez Vulcain, à la maison.
Sous l’averse torrentielle, le cheval, tête basse, emboîta le pas à son maître.
Liserons, coquelicots, papillons, c’est devant vous finalement que nous cédons.
Comme chaque fois qu’elle faisait un cauchemar, Liselle, à son réveil, eut du mal à rajuster son esprit. Elle émergea précisément d’un songe où il avait été question de ...
... parents tués, de noces avec une bête et d’un château dévoré par le feu. Un souffle frais, chargé d’odeurs inhabituelles de bois, de terre et de cuir, flottait dans l’air. La couche où elle se trouvait était tendue de gros drap, lavandé, certes, mais un peu rêche. De même, la chemise qu’elle portait n’était pas la soie de Chine de ses robes de nuit. Le sombre plafond à caissons la surprit autant que le baldaquin de bois brut au dais de jute. Au fond de la chambre, des souches agonisaient dans un vieil âtre. Elle tourna la tête vers la source de lumière jaune qui éclairait la pièce et tressaillit. Debout dans la profonde embrasure d’une fenêtre à meneaux, se tenait la silhouette à contre-jour d’un géant habillé d’une simple chemise de drap blanc et des hauts-de-chausses de coton noir. Le dos tourné, les mains appuyées sur l’allège de pierre, il semblait observer, par un carreau ouvert, le coucher du soleil. La pluie avait soulevé une nappe de brume qui flottait devant la lumière du couchant, une nappe chargée de senteurs d’humus, de terre et de foin.
« Robin Morel » : le nom reparut dans la mémoire de la jeune femme. Que s’était-il passé ? Elle l’observa clandestinement pendant tout le temps que le soleil mit à décliner. Quand il se retourna, il faisait presque nuit. Il s’approcha du lit. Par peur, ou embarras, elle feignit de dormir. Il s’assit et se pencha sur elle. Le souffle d’une respiration lente passa sur les paupières closes. Il sentait le savon, le suif et le cuir. Il ...