1. Si tu veux, tu sais où me trouver


    Datte: 26/10/2019, Catégories: fh, nonéro, mélo, amourdram, regrets, Auteur: Vince et Lise-Elise, Source: Revebebe

    ... nues ensemble, nues sur lui, lui dans une, puis dans l’autre, puis le noir, comme un rideau sur une représentation bâclée…
    
    Pourquoi s’était-il habillé sommairement pour sortir aussitôt ? Pourquoi avait-il ressenti le besoin d’aller marcher sous la pluie ? Encore ce hasard, auquel il ne croyait plus ? Il n’empêche qu’il avait arpenté les rues, d’un pas morne et peu alerte, bientôt trempé par cette pluie dont il ne s’était pas protégé. La pluie lui avait renvoyé des images de jours de pluie et lentement, il avait revu quelques flashs sous l’orage. Quelques images, quelques visages. Il était rentré chez lui trempé, dans son appartement vide de ces deux jeunes femmes qui ne l’avaient pas attendu. Il y a longtemps que personne ne l’attendait plus. La dernière fois, c’était quand déjà ?
    
    Champagne, paillettes, magouilles par-ci, combines par-là, Jérémy avait appris à s’amuser dans ce monde qu’il utilisait et qui l’utilisait. Échange de bons procédés. Du haut de sa trentaine, il n’avait jamais éprouvé le besoin de construire quelque chose, préférant largement le confort d’une vie qu’il pensait sans encombre. S’il avait quitté le garage qui l’employait alors, il s’était reconverti dans la branche pas trop éloignée de la vente de véhicules, qui lui permettait de vivre assez largement, tant il savait mener à bien des affaires que peu auraient osé entreprendre. « Jamais un de mes véhicules n’a provoqué d’accident grave ! » pérorait-il. Et c’était vrai. Pas forcément grâce à lui. ...
    ... Mais parfois, plus le mensonge était grand, plus les gens se montraient crédules, c’en était navrant. Et si ces affaires faciles l’avaient dans un premier temps grisé, il avait rapidement marqué le pas de retrait, et son propre boniment commençait à passablement l’ennuyer.
    
    Je me souviens de la pluie, Steph. Je me souviens de tout ça. Et si j’ai oublié mes potes, je n’ai pas oublié notre histoire.
    
    « Voilà, comme début, c’est pas mal », se dit Jérémy en commençant une nouvelle lettre. Difficile de répondre à ces mots justes, si vrais, si tranchants. Elle avait 19 ans, des Kickers, et il ne savait pas s’y prendre. Paraître pour un dur, c’était sa solution. Un dur… c’était si dérisoire. Un dur ne craque pas comme ça pour une nana qui fond devant lui. Il avait la main, elle avait le cœur. Trop soumise à son bon vouloir, trop enfant, trop timide, trop prude ? Ou trop réelle, trop amoureuse, trop femme devant lui, trop d’avenir dans son présent ? Les yeux de Jérémy venaient de se perdre dans les bulles de sa bière, son stylo en arrêt, sa pensée comme une armée en marche. Et s’il avait simplement fui ? Ç’aurait expliqué le vide de sa vie.
    
    Jérémy avait marché distraitement jusqu’à ce bar de la rue Courtrai où il s’était posé pour réfléchir encore. Une fleur, dérisoire elle aussi, et contre tous ses principes, voilà ce qu’il avait prévu de lui offrir. Partir dans la direction opposée à lui-même, pour essayer enfin de réussir à l’aimer. Si c’était encore possible.
    
    Jamais de sa ...
«1...345...10»