1. Histoire des libertines (22) : Marie Stuart, martyre ou salope ?


    Datte: 17/03/2018, Catégories: Entre-nous, Hétéro Auteur: Olga T, Source: Hds

    ... la garder hors d'Écosse et de contrôler ses partisans.
    
    Le cas tenait dans les huit lettres du coffret qui auraient été écrites par Marie à Bothwell et découvertes par le comte de Morton. Marie ne fut pas autorisée à les voir ni à parler pour sa défense. Elle refusa d'offrir une défense écrite à moins qu'un verdict de non-culpabilité ne lui soit assuré, ce que refusa Élisabeth. Bien qu'une analyse graphologique attribuât ces lettres à Marie, le tribunal ne put conclure à la culpabilité. Les lettres originales furent perdues en 1584 et les copies ne sont pas complètes.
    
    Sans s'en rendre compte, Elisabeth fait ainsi de l'ancienne reine d'Écosse le point de ralliement des catholiques anglais, une rivale potentiellement dangereuse pour elle-même ; c'est ainsi que l'Espagne, qui cherche à abattre Élisabeth, va jouer la carte de Marie. Autour de la captive se nouent, année après année, intrigues et complots. En 1572, le duc de Norfolk, un grand seigneur anglais qui avait envisagé de l'épouser et de l'installer sur le trône de Londres, est arrêté et condamné à mort. On commence alors, autour d'Élisabeth, à évoquer la possibilité d'exécuter la reine comploteuse.
    
    Encore quatorze ans. Quatorze ans de conspirations, d'attentats préparés et manqués. Et finalement, en 1586, un nommé Badington est arrêté en possession d'une lettre de Marie Stuart où celle-ci donne son accord à un projet d'assassinat d'Élisabeth. Là encore, on discute de l'authenticité du document. Mais les deux ...
    ... secrétaires de Marie le reconnaissent pour vrai. Le procès a lieu et Marie est jugée coupable, condamnée à mort.
    
    Élisabeth hésite, puis se décide à signer l'ordre d'exécution. La hache tombe au château de Forheringay au matin du 8 février 1587.
    
    PUTAIN OU MARTYRE ?
    
    Marie Stuart séduisait tous les hommes, car elle avait tout pour plaire, mais ses maris successifs n’ont pas su la satisfaire.
    
    Sa fraîche beauté resplendissait. Son front est bombé délicieusement, l’ovale de son visage est charmant. Ses yeux en amande sont ceux de sa mère, la Guise. Ils parlent autant d’intelligence que d’amour. Parfois ce regard se voile et le mystère paraît, avant de se dissiper sous un rire délicieux. Les cheveux, d’un blond cendré dans l’enfance, ont viré au fauve. Grande, Marie se déplace comme une elfe. On lui devine des seins menus et d’un velouté ravissant, des fesses dures comme des pommes sur des jambes interminables.
    
    Dès les années 1560, Marie Stuart fait l’objet de deux lignées d’interprétation concurrentes : celle qui voit en elle une martyre innocente, et celle qui la diabolise comme une traîtresse ignoble.
    
    À la fin du XVIIIe et au XIXe siècle, le romantisme transforme la figure de Marie Stuart en une héroïne passionnée. Les artisans les plus connus de cette métamorphose sont Schiller et Donizetti. L’image romantique perdure, notamment sous la plume de Stefan Zweig et grâce aux adaptations cinématographiques. Plus récemment, des lectures féministes sont venues s’ajouter à ...
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