Échec et mat
Datte: 22/10/2019,
Catégories:
fh,
fplusag,
handicap,
plage,
amour,
Oral
pénétratio,
Auteur: Radagast, Source: Revebebe
... rappellent que je n’ai rien avalé ce matin.
Une bibliothèque habille un des murs.
Puis la propriétaire de la voix se manifeste. Quelque chose bouge près de la cheminée, une femme entre dans la lumière. De longs cheveux châtain très clair tombent sur ses épaules ; une cicatrice part de son œil jusqu’à l’angle de sa mâchoire. Ses yeux bleus me scrutent intensément, guettant ma réaction.
Elle se déplace en fauteuil roulant, à l’aise entre les tables et le canapé.
— Merci d’avoir accepté mon invitation.
— J’ai hésité, mais vous avez su titiller ma curiosité.
— Déçu ? me demande-t-elle en montrant son fauteuil.
— Non, surpris : je m’attendais à trouver un vieux bonhomme.
Elle est vêtue d’une ample et longue robe prune. Je ne pose aucune question sur son handicap. Je regarde le petit déjeuner. Je dois avoir l’air affamé.
— Si vous désirez un café ou un croissant, servez-vous.
Je me sers un café, puis je me tourne vers elle et l’interroge :
— Puis-je vous en servir un ?
— Un thé, merci.
Je lui apporte la tasse, ce qui me permet de m’approcher d’elle et de mieux la détailler sans paraître grossier. Elle a les pommettes hautes et les yeux en amande, à la manière d’un chat. Et contrairement à ma première impression, ses iris ne sont pas bleus, mais gris clair.
Je la devine Russe, ou peut-être Ukrainienne.
Je grignote un croissant et jette un coup d’œil sur la pièce. Sur la bibliothèque, des photos de mon hôtesse avec un homme ; sûrement son ...
... mari.
— Pourquoi étiez-vous étonné de rencontrer une femme ? Seraient-elles incapables de jouer aux échecs ?
— Loin de moi cette idée. À une époque, j’ai participé à des tournois. J’y ai affronté des femmes, très douées, mais trop peu nombreuses. Aussi quand vous m’avez invité, je croyais rencontrer un vieux grincheux qui ne voulait pas sortir de chez lui.
Elle esquisse un sourire.
— Vous étiez venu pour continuer la partie ; installez-vous.
Elle me désigne un siège face à l’échiquier.
— Voulez-vous continuer notre partie ou en entamer une nouvelle ?
— Une nouvelle, s’il vous plaît : nous savons tous deux qui va gagner celle de la place.
Nous installons les pièces ; je lui laisse les blancs. Elle me fait une « Sicilienne ».
Tout en jouant, nous discutons.
— Mon père m’a initiée aux échecs. Il était Russe.
Je ne m’étais pas trompé.
— Dans un tournoi, j’ai rencontré mon futur mari. Il était sculpteur. L’échiquier géant, là dehors, est de lui. Il a donné mes traits et mon nom aux deux reines : Zanotchka.
— Désolé, je n’ai pas fait attention.
— Ce n’est pas grave. Je parle, je parle… Je vous déconcentre, peut-être ?
— Au contraire ; nous ne participons pas aux championnats du monde.
Nous jouons encore quelques coups.
— Si je ne suis pas indiscret, comment faisiez-vous pour bouger les pièces sur la place ?
— Marcelline s’en occupait, sous mes ordres.
— Elle ne semble pas beaucoup apprécier ma présence.
— Marcelline est protectrice. Elle n’aime ...