Anna
Datte: 17/10/2019,
Catégories:
prost,
policier,
Auteur: Freezrick, Source: Revebebe
... reconnais prendre plaisir à un travail bien fait. Je rentre souvent fatigué. Seuls un bain moussant et un verre de vin de Bordeaux me permettent alors de reprendre mes esprits.
Les femmes me manquent beaucoup, elles étaient présentes dans ma jeunesse, puis peu à peu se sont éloignées. Je ne peux rien construire alors je vis seul, aux dépens de femmes de joies. Un coup de téléphone, une balade en voiture, et je redécouvre les joies et les orgasmes oubliés.
Laissez-moi vous raconter ma dernière rencontre. Il fait froid, je décide de prendre ma voiture pour me changer les idées. Un arrêt au comptoir du coin, et trois verres de Côtes du Rhône plus tard, je suis prêt. Il faut que je trouve une femme, un objet, quelque chose qui me fasse oublier ma solitude.
Je sors du bistro, la tête lourde, les souvenirs me reviennent. Des morts, des hommes, des femmes, tous morts. Tous morts sous mes mains, un couteau, un fil de piano, un rasoir, un pistolet. Mes outils de travail. Je marche maintenant le long de l’avenue, il fait un temps de chien, humide, mes chaussettes sont mouillées. Je ne suis pas lavé. Je m’en fous, elle va m’aimer, du reste le prétendre.
Le milieu de la nuit est le mien, mon univers, mon lieu de travail, j’y côtoie mes patients et mes clients. Souvent, ils se connaissent, s’apprécient, s’aiment ou se détestent. Pour moi, quelle différence ? On me paie, et je tue.
Je continue à marcher, certains veulent s’approcher mais en croisant mon regard, dénué de ...
... sentiments, décident de continuer leur chemin. Voilà je les répugne, ils m’indiffèrent. La société a pris un pari sur moi, elle me laisse travailler, je ne lui appartiens plus. Enfin, c’est ce que je crois. J’arrive à un croisement, les feux clignotent orange, il est trop tard pour qu’ils soient rouges, trop tôt pour qu’ils soient verts. Je prends sur la gauche. Je la vois. Elle marche à quelques mètres de moi, un pas nonchalant, les bras branlants, un faux sac à main de marque à sa main gauche. Une cigarette dans l’autre. Elle essaye de rentrer en contact avec quelqu’un, mais les passants l’ignorent. Je m’approche. Doucement, presque tendrement, ma proie, elle est déjà à moi.
— Mon chou ! Tu veux que je te donne du plaisir ?
Elle m’adresse cela tellement facilement, elle n’y croit plus, elle aussi, la société la laisse en paix. Elle vit dans la rue, dans le milieu de la nuit. Elle aussi, ses patients et clients s’y côtoient. Nous sommes les mêmes. Nous risquons notre vie chaque minute, j’y prends plaisir. Elle ? Son plaisir ne m’intéresse pas. Je lui donne ce qui lui est dû et repars.
— T’as une chambre près d’ici ?
Elle indique une ruelle adjacente, je la suis. Son maquillage est pauvre, elle a sûrement froid. Ça coule, son rouge à lèvres est moche, elle ne sent pas meilleur que moi, elle ne sent rien. Elle me précède, nous arrivons devant un immeuble sombre, elle pousse la porte et nous montons les marches d’un escalier situé sur la droite. Deuxième étage, porte de ...