Piégé par la fille du patron (1)
Datte: 15/10/2019,
Catégories:
Trash,
Auteur: Christine Hargensen, Source: Xstory
... au milieu desquelles la langue dardait, passant sur la lèvre inférieure retroussée en une moue que Feodor aurait trouvée délicieuse en d’autres circonstances.
— Et tout indique que c’est toi, grosse merde.
Était-ce un effet de l’insulte, du tutoiement soudain ? Toujours est-il que Feodor sentait la température monter ; tout le contraire de son café dont la couleur noire aux reflets marronnasse suscitait des idées cafardeuses.
Un goût bizarre, comme celui d’une sorte de mousse pourrie, lui envahissait la bouche. Il éprouvait l’impression de mâcher une saloperie tirée d’une poche de vase molle et croupie.
— Mais, je n’ai…
— Putain arrête ! Ferme ta gueule ! Je sens que tu vas me sortir une connerie.
Le ton n’admettait aucune réplique. En un sens, tant mieux. Feodor était trop occupé à ravaler sa bile pour ouvrir la bouche.
— Alors, écoute-moi bien, tu es un larbin ici, un insignifiant, une sorte d’erreur merdeuse, et compte sur moi pour te le rappeler.
L’univers entier semblait se réduire aux dimensions de ce bureau. Feodor n’existait plus que dans ce point de temps et d’espace. Les propos acerbes se déversaient sur lui avec une effarante régularité, éructés par cette jolie bouche aux lèvres brillantes de gloss.
— Si tu ne veux pas que je mange le morceau, tu as intérêt à m’obéir sans restriction.
— Ne dites rien et je ferai ce que…
Une gifle cinglante lui coupa le souffle en même temps que la parole.
— C’est moi qui impose mes conditions. ...
... Les voici grosse merde, tu te soumets sans discuter et je ne raconte rien à mon père. Les choses se feront dans cet ordre. J’ai la possibilité de combler le bête trou que tu as laissé dans le stock de devises. Si j’agis dans l’immédiat, personne ne s’en apercevra.
L’expression sur le visage de son interlocuteur, mélange de peur tempérée d’espoirs incertains, réjouit Tatiana. Elle mit provisoirement fin au tourment de Feodor et lui tendit une feuille de papier.
— Tiens, prends ce stylo et marque ce que je vais te dicter.
Désireux d’apaiser le courroux de l’irascible jeune fille, Feodor commença à écrire :
« Moi, soussigné Feodor Elkine, reconnais avoir dérobé trente-cinq mille dollars de devises à mon employeur, monsieur Savva Saratov. »
Une main impatiente se saisit du document. Après relecture, Tatiana exigea une signature, juste sous son index qu’elle appuyait en bas à gauche du feuillet.
Feodor signa distraitement, obnubilé par ce doigt à l’ongle soigneusement lustré d’un vernis dont la couleur indécise entre le mauve et le bleu nuit lui provoquait quelque transport intérieur.
— OK, je vais régler ton problème de suite et conserver cette confession en lieu sûr. Inutile de te préciser quel usage je pourrais en faire en cas de comportement inapproprié.
Le silence de Feodor parut satisfaire Tatiana qui s’assit sur le bureau après en avoir jeté à terre ce qui l’encombrait.
Dans cette position, la jeune fille dominait son souffre-douleur, augmentant ses ...