1. Piégé par la fille du patron (1)


    Datte: 15/10/2019, Catégories: Trash, Auteur: Christine Hargensen, Source: Xstory

    Trente-cinq mille dollars. La somme restait modeste en soi, mais suffisante pour lui attirer de sérieux ennuis. Le terme représailles semblait plus approprié si on considérait la nature de son employeur, Savva Saratov, un oligarque à la réputation sulfureuse. Mis en cause dans de multiples affaires, ses avocats, des procéduriers capables de trouver la moindre faille dans un dossier d’accusation, l’avaient toujours sorti du pétrin.
    
    Toujours est-il que l’argent détourné initialement n’avait pas rapporté le montant prévu. Malheureux au jeu, Feodor avait « emprunté » des sommes supplémentaires pour se refaire. La chance l’avait déserté et le total dû atteignait désormais un nombre à cinq chiffres.
    
    Feodor se voyait par avance plongé dans les eaux froides de la Volga, deux balles de gros calibres dans la nuque.
    
    — Bonjour Feodor, vous me paraissez bien soucieux.
    
    La belle Tatiana Saratov encadrait sa silhouette gracieuse à l’entrée du bureau.
    
    — Bonjour mademoiselle Saratov, je ne vous avais pas entendue.
    
    Sans répondre, la brune de dix-neuf ans prit place à côté de lui. Son parfum capiteux, acheté dans le magasin le plus prestigieux de Saint-Pétersbourg, ajoutait encore à son charme. Épuiser la liste de tous les superlatifs restait insuffisant pour décrire son pouvoir de séduction sur la gent masculine. On murmurait qu’elle avait repoussé les avances de quelques représentants du gratin local.
    
    Sa conduite familière en paraissait d’autant plus surprenante. Jusqu’à ...
    ... présent, elle l’avait superbement ignoré. Sa présence s’avérait très sporadique, juste de quoi justifier son salaire considérable en tant que membre du conseil d’administration.
    
    Placé comme il l’était, Feodor pouvait contempler à loisir la fille de son patron, insigne honneur doublé d’un plaisir rare qui lui faisait oublier — momentanément — ses tracas.
    
    La régularité des traits, la fermeté de ses chairs et ses courbes parfaites, tout donnait à penser à un profil de statue grecque taillée dans le marbre blanc.
    
    — Vous me prenez pour une jeune allumeuse mondaine ?
    
    — Heu, je…
    
    — Parce qu’en fait, j’ai l’œil sur tout ce qui touche aux affaires de mon père. Par exemple, il serait mécontent qu’un larbin tente de lui dérober de l’argent.
    
    — …
    
    — Mais qui aurait cette témérité suicidaire, n’est-ce pas ?
    
    — Je ne sais pas…
    
    — Ce que je sais, c’est que trente-cinq mille dollars ont disparu de la réserve de devises, ajouta-t-elle en se rapprochant de lui.
    
    Il sentait la chaleur de ce corps juvénile irradier contre son épiderme tandis que le visage s’éclairait d’un sourire.
    
    Les longs doigts manucurés tapotaient nerveusement sur la surface du bureau entre les dossiers et le café qui refroidissait sans que Feodor songe à le boire.
    
    — Qui est assez débile pour tenter un coup pareil ? Non seulement il défie mon père mais il me prend pour une conne de première.
    
    Le sourire virait à l’aigre. Les lèvres chargées s’entrouvraient pour laisser voir les dents blanches ...
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