1. La colère - L'envie


    Datte: 27/09/2019, Catégories: fh, fplusag, jeunes, extracon, copains, profélève, campagne, caférestau, toilettes, vengeance, dispute, pénétratio, glaçon, Humour Auteur: Vagant, Source: Revebebe

    ... poupe après lui avoir fendu l’étrave : un shorty pourpre pour ultime entrave, d’un ensemble en dentelle de chez Charmel et dans lequel j’avais claqué mon avance sur salaire ! L’image était floue, ma main tremblait. J’ai perçu le sourire béat du corsaire, sabre au clair, son visage renversé en arrière, ravagé par l’orgasme, et j’ai croisé son regard quand il a refait surface.
    
    — Merde ! est-il seulement parvenu à articuler en voyant mes yeux fous dans mon miroir de poche.
    — Que se passe-t-il, Alain ? Tu as encore déchiré le préservatif ? a soupiré Évelyne en se tournant vers lui.
    — Non, pire.
    
    Je n’ai pas écouté la suite de leurs atermoiements. Je me suis rué à l’extérieur des toilettes avec une envie de tuer. De retour à la table, j’ai vidé le contenu du sac à main d’Évelyne sur les restes de la pizza. J’ai récupéré entre deux olives les clefs du coupé Alfa-Roméo que « papa » venait de lui offrir pour son anniversaire. Quand je l’ai entendu arriver derrière moi en me disant qu’elle allait m’expliquer, je l’ai allongée d’une gifle sur la table, au beau milieu des assiettes sales.
    
    Moi, je n’avais pas d’autre explication à donner alors je suis sorti sur le parking. J’ai visé le coupé Alfa flambant neuf. J’ai démarré en trombe, histoire de le roder, et je suis parti n’importe où mais ailleurs. Sur l’autoroute, entre 180 et 200, je me suis souvenu d’un prof de la fac qui avait hérité d’un petit « château » dans le bordelais : Mr Delavigne, un nom prédestiné. Je ne sais ...
    ... pas trop pourquoi il s’était pris d’amitié pour moi, mais il m’avait proposé de venir le voir dans sa propriété viticole si je passais dans la région cet été-là. J’y étais au petit matin.
    
    Devant le portail de sa propriété, aussi gironde que girondine, je n’ai pas eu le cœur de réveiller les Delavigne aussi tôt, mais après avoir passé quatre heures dans la voiture d’Evelyne à respirer son parfum –elle portait un parfum très cher qui collait à tout ce qui lui appartenait – je ne pouvais plus la supporter. J’ai repéré un vieux prunier au bord de l’allée de gravillons blancs qui menait au portail. Avec ce qui me restait de lucidité, j’ai évalué la vitesse qu’il me faudrait atteindre pour y planter l’Alfa sans me faire trop mal en sautant en marche. Du coup, il ne m’en restait plus pour penser à détacher ma ceinture de sécurité avant, et j’ai perdu connaissance en m’encastrant dans l’arbre.
    
    Voilà trois jours que j’étais chez les Delavigne, cerné par le papier à fleur, les horloges comtoises et les coucous suisses. Comment peut-on vivre dans une aussi belle maison décorée avec autant de mauvais goût, avec une aussi belle femme honorée avec tant de mauvaise grâce, dans une région à la gastronomie aussi renommée et laisser sa propre fille se gaver de bonbons jusqu’à gonfler comme une baudruche ? Après avoir brossé en une seule phrase le tableau – et suggéré l’action – voici les détails où, comme chacun sait, se cache le diable.
    
    C’est Monsieur Delavigne en personne qui m’avait ...
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