Apparences - Histoires de Sexe

Apparences

... aussitôt à la cuisine, lui montra une fenêtre de l’autre côté de la ruelle.

— Bon, je ne sais pas, dit le jeune homme, il est sorti de la pièce et je ne l’ai pas revu. Mais on voit l’entrée de son immeuble, en bas, et il n’est pas sorti.
— Merci de votre appel, en tout cas. Mais je ne peux pas déclencher une intervention si je n’en sais pas plus. Je peux attendre qu’il repasse dans cette pièce-là ? C’est quoi, un salon, non ?
— Oui, on dirait. Bien sûr que vous pouvez rester. Je vais faire du café.
— Vous êtes seul ?
— Oui. Et je n’ai pas trop envie d’en parler. C’est peut-être définitif, d’ailleurs.

Ils passèrent la fin d’après-midi à siroter du café en regardant par la fenêtre, Déborah évitant de regarder le jeune homme et celui-ci gardant l’air sombre, moins décontracté que lors de leurs précédentes rencontres. La nuit tombait et aucune lumière ne s’allumait dans le salon signalé par Antoine.

— Vous savez, dit Déborah, quand des flics planquent, cela dure parfois des heures. En général, c’est le moment qu’on choisit pour déballer ses problèmes et avoir l’avis d’un collègue. Le plus souvent, l’avis est nul, mais ça fait du bien de vider son sac.
— Elle est partie, répondit Antoine. On s’est disputé à cause de mon intervention d’avant-hier. Elle m’a dit que j’avais été très con et qu’en voyant le couteau, j’aurais dû m’enfuir en courant, que je ne pensais pas à elle en prenant des risques pareils. J’ai répondu que je n’étais pas un lâche et que cela n’avait ...

... rien à voir avec elle, mais elle s’est mise en colère et elle a exigé que je cesse de voir Rémi, celui pour qui j’étais sorti ce soir-là. C’est impossible parce que nous sommes comme des frères jumeaux, ce que je lui ai dit et là, la situation est devenue hors de contrôle. Elle a entassé ses affaires dans une valise et elle est partie. Chez sa mère, je pense.
— L’avis nul de la collègue : ne vous inquiétez pas, elle va revenir.
— Le problème, c’est que je ne sais pas si j’ai envie qu’elle revienne. Je veux dire, ce genre de scène, c’est nul. Ce n’est pas ce que j’ai envie de vivre.

Les heures qui suivirent furent mornes et silencieuses. Rien ne se passait dans l’immeuble d’en face. Parfois, leurs regards se croisaient et Déborah détournait rapidement les yeux. Finalement, la soirée avançant et plus aucune lumière n’étant éclairées de l’autre côté de la rue, il devint évident que plus rien ne se passerait ce soir-là.

— Bon, dit la policière. On va attendre demain. Je vais vous laisser tranquille et mettre en place une surveillance de l’autre immeuble dès l’aube.
— Et si vous restiez dormir ici cette nuit ? Ne répondez pas, lieutenante, vos yeux parlent pour vous. Si je vous le propose, c’est que j’en ai envie. Depuis le premier jour.

Ils s’embrassèrent. Déborah laissait le jeune homme décider de la suite des évènements et c’était une première pour elle. C’était bien plus facile que ce qu’elle avait pensé. Il suffisait de se laisser guider par la chaleur dans son ...