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Apparences
Datte: 28/12/2025, Catégories: #policier, fh, Auteur: Amateur de Blues, Source: Revebebe
... sages, artistes un peu perchées. Le mode opératoire était aussi toujours le même, des agressions la nuit dans la rue. Le type menaçait les filles avec un couteau, les entraînait dans un coin sombre et les violait ou essayait de le faire. La lieutenante avait concocté sa tenue avec l’aide d’une amie, elle-même bon chic bon genre, et traînait tous les soirs dans le quartier, multipliant les attitudes d’allumée pour être sûre de se faire repérer. Maintenant, déprimée sur son fauteuil de bureau délabré, elle ne ressemblait plus du tout à celle que je vous ai présentée dans l’acte un. Elle portait été comme hiver un jean délavé et un blouson de cuir rouge sur un débardeur noir, les cheveux courts et des bottes de cowboy. Elle était plutôt waouh, mais elle s’en moquait. Quand elle avait été nommée au commissariat, même les plus misogynes de ses collègues voulaient travailler avec elle. Elle les avait refroidis les uns après les autres, avant de choisir Enzo comme coéquipier. Lui aussi n’aurait pas dit non, bien qu’il soit marié depuis vingt ans, mais il avait vite compris qu’il n’avait aucune chance et jouait bien son rôle de Sancho Pança, même si, ce soir, il avait été un peu long à la détente. Plus tard, allongée sur un lit de camp installé au fond de son bureau, elle repassait chaque instant de la soirée et commençait à organiser la suite. Ce n’était pas la première fois qu’elle dormait dans son bureau. Elle vivait seule, sans horaires, et passait plus de temps ici que ...
... chez elle. Il y avait une douche au bout du couloir, alors à quoi bon rentrer. Sur ce lit de camp, elle voyait les feux tricolores de la rue illuminer son plafond. Cela la berçait. Elle dormait bien, en général. Souvent, Enzo entrait doucement le matin avec du café fumant et des croissants. Ce soir, elle ne dormait pas. Elle sentait encore la pression de la lame sur son cou. Ce type ne faisait pas semblant. Elle était sûre que c’était son homme et qu’elle aurait pu, qu’elle aurait dû le serrer, s’il n’y avait pas eu ce blondinet. Bon, dans la furie du moment, elle avait merdé. Il fallait mettre en garde à vue le sauveur imprévu pour avoir un récit qui tienne la route devant ses supérieurs. Demain, elle retournerait dans l’impasse en espérant trouver quelque chose, un indice miraculeux ou je ne sais quoi qui lui permette d’avancer dans l’identification du violeur. Enzo ferait l’enquête de voisinage. Elle regardait le rouge passer au vert sur le plafond et elle se demandait comment faire taire ses pensées qui tournaient en boucle. Et puis, soudain, alors qu’on entendait déjà un camion-poubelle tourner au coin de la rue, elle y parvint. Le visage tranquille de l’olibrius qui avait démoli son piège s’imposa à son esprit, ses yeux bleu très clair, ses cheveux ébouriffés, sa veste en daim. Déborah avait envie de le revoir, de mieux le connaître et cela ne lui arrivait jamais. En même temps, ce visage rendit tout le reste beaucoup plus supportable. Sa dernière pensée fut pour la ...