Le mystère du delta suivi de Rayon de lune - Histoires de Sexe

Le mystère du delta suivi de Rayon de lune

C’est un paysage que je me suis évertuée à observer. Je veux dire à observer dans la vie réelle. Il peut aisément se décliner dans la littérature érotique. Mais quid de ce Mystère du Delta, sujet léger s’il en est, dont Louis, mon ami, m’entretient depuis le début de ce déjeuner en tête à tête à l’Augustine.

Bon, trêve de mystère – Mystère du Delta. Tout d’abord soyons réaliste, il est peu donné aux hommes d’observer le phénomène tant l’attrait pour la jupe courte, pour la robe échancrée ou hautement déboutonnée a déserté nos rues, nos cafés, nos terrasses.

Voilà donc que Louis peut s’attribuer la paternité du concept de Mystère du Delta.

Si par nature, et vous le savez par altruisme aussi, j’ai toujours eu soin de laisser une empreinte en la rétine des hommes – des femmes peut-être – j’avoue avoir fait peu de cas de ce fameux mystère dont mon ami fait dissertation au long de ce repas.

Vous l’aurez compris, car vous n’êtes pas dupe, par définition le delta est caractérisé dans la géométrie euclidienne par sa forme triangulaire, il symbolise la confluence des fleuves, aussi la quatrième lettre de l’alphabet grec, même la finance en use.

Aussi, et soyons clairs, la femme avec cette présence qu’elle entend cachée et qui fait l’oblique et la gymnastique du regard des hommes, garde sa géométrie, sa confluence discrète.

— Il n’y a pas, dit Louis, il n’y a pas de mystère, si toi, Landie, ou telle autre femme, ne revêtez pas le petit et fin tissu qui masque le ...

... delta de vos cuisses. Nous, nous savons que sous cette étoffe se tapit l’origine du monde ; certains vont y deviner un petit renflement qui laissera l’image d’une toison fournie, d’autres fantasmeront sur la soie lustrée où le doigt glisserait sans peine.

Je regardais Louis qui ratiocinait sur un mystère qui n’en était pas un, qui ne l’était que pour ceux qui le cultivent.

— Mais nous sommes légion à chercher la duperie de ce système élaboré, vraiment, renchérit-il en semblant donner une importance démesurée à cette cachotterie organisée. Entends-moi bien, nous sommes autant que l’on puisse l’être, étourdis de cette souplesse de la jambe qui va passer sur l’autre, là où la croisée géométrique et mécanique ne prend aucune place dans le temps. Plus rapide que nos pupilles pourtant aiguisées, rompues à l’exercice sans pour autant qu’elles soient en mesure de suivre l’agilité de cette cuisse qui va se poser sur l’autre et qui ne révélera pas le delta d’une petite culotte, celui d’un filin en tulle que contiendrait une demi-coquille d’œuf. Parfois, si le profil de la jambe laisse par inadvertance – ou pas – entrapercevoir la peau au-delà de la bordure élastique d’un bas, parfois nous nous trouvons là comme un guetteur dans son échelle d’affût et si peu que la jambe s’ankylose, alors l’esquisse du passage sera l’instant précis de ce que l’œil gardera comme une chance, et l’on repartira, gardant le petit secret qu’à nul autre hormis sa main, on ne peut confier.
— Dans un de ses ...