1. Le baquet


    Datte: 26/12/2025, Catégories: #historique, #romantisme, fh, Auteur: Patrik, Source: Revebebe

    ... genre d’effusion en public.
    
    Jacques de Chabannes, seigneur de La Palice, un vaillant compagnon du Roi (et des précédents), a résumé d’une phrase la situation :
    
    — Et voilà une bonne chose de faite !
    
    Tout semble être revenu à la normale…
    
    Mon bras se rétablit petit à petit. Ça reste parfois douloureux, mais j’aurais pu mourir stupidement au fond de mon baquet, donc c’est un moindre mal.
    
    Depuis mon absolution, Anne-Louise ne me fuit plus, mais elle fait attention à qui est présent autour de nous, elle ne souhaite pas passer pour une veuve joyeuse. Le prétexte tout trouvé est de faire en sorte que nos enfants continuent à jouer ensemble. Cependant, nos conversations ne sont plus aussi enjouées qu’avant, et je le regrette.
    
    Je la sens triste, encore partagée, tiraillée. Il n’est pas évident de discuter avec celui qui est finalement le meurtrier de son mari, même si c’était de la légitime défense. Jamais elle ne saura que j’ai un peu aidé le destin, c’est mieux ainsi. Je suppose que ce sera une phase momentanée, et qu’ensuite, ça ira mieux pour elle.
    
    Soudain, au détour de la conversation, elle m’annonce :
    
    — Je vais me retirer de ce monde et prier pour l’âme de mon défunt mari et…
    
    Tandis que je reste muet d’ébahissement, elle marque une légère pause :
    
    — Et aussi pour la vôtre, Monsieur.
    — Ne faites pas cette bêtise : vos enfants ont besoin de vous, Madame !
    
    Surprise par ma répartie, elle reste muette. Pour ma part, je suis assez content qu’elle ...
    ... envisage de prier pour mon âme perdue. Mais il y a plus urgent. Sans souci des convenances, je capture ses mains dans les miennes :
    
    — N’abandonnez pas vos enfants ! J’ose espérer que vous ne souhaitez pas leur malheur de grandir loin de leur mère !
    — Vous… vous me torturez, Monsieur !
    — Si vous tenez vraiment à faire acte de contrition, élevez vos enfants dans les meilleures conditions soient-elles ! Et croyez-moi, c’est nettement plus difficile que de simplement prier, recluse entre quatre murs…
    
    Elle me regarde longuement puis finit par dire :
    
    — Vous avez raison, Monsieur, je ne puis abandonner ainsi mes innocents enfants.
    — Je vous en sais gré, Madame.
    
    Je pense que le danger est momentanément écarté. Mais il faudra que je surveille cette jeune veuve, elle serait bien capable d’avoir une autre folie en tête.
    
    Comme je ne suis pas né de la dernière pluie, je n’ai aucun souci à immobiliser un carrosse avec mes gens. Du haut de mon cheval, je m’adresse à la personne qui tente ainsi de se dérober :
    
    — Je vous y prends, Madame, à vous enfuir nocturnement telle une voleuse.
    
    Madame d’Étambrieux écarte le rideau pour répondre :
    
    — Vous me surveillez donc, vous n’avez pas confiance en mes propos ?
    — Comme le dit si bien notre Roi : « Souvent, femme varie, bien fol est qui s’y fie ! »
    
    Je descends de ma monture, puis je viens ouvrir la portière. Péremptoirement, tout en présentant mon bras valide, je lance à la jeune femme d’un ton sans appel :
    
    — Descendez, ...
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